Musiciennes iraniennes d’hier et d’aujourd’hui

En 1979, au lendemain de la révolution islamique, l’imam Khomeini prône l’élimination de la musique. Elle est ensuite autorisée, sous condition d’exalter le sentiment religieux et la patrie. La musique a gagné, progressivement, le droit d’exister réellement. Mais sans les femmes. Celles-ci ne sont toujours pas autorisées à se produire devant un public mixte.

La chanteuse Parissa raconte : "Je ne peux me produire dans mon propre pays que devant un public exclusivement féminin. Je refuse profondément cette ségrégation !". Elle fait le choix de n’avoir "aucune activité artistique en Iran".

Parissa est née en 1950, dans le nord de l’Iran. Elle grandit dans un foyer où la musique a trouvé sa place. Grâce à cela, elle commence son apprentissage de la musique auprès d'un grand musicien respecté, Mahmoud Karimi (1927-1984). Dès 1975, la carrière de Parissa décolle et elle devient l'une des voix les plus populaires du chant persan. 

En 1979, l'avènement de la République islamique la réduit à un quasi silence forcé, elle n'est autorisée qu'à se consacrer à l'enseignement de la musique dans des classes spécifiquement féminines, à Téhéran. 

Riche de sa tradition musicale, l’Iran a fait naître de grandes musiciennes issues de cette tradition mais qui, en quittant le pays, se sont aussi réappropriées d’autres cultures et imaginaires, à l’image de la joueuse de târ Sogol Mirzaei.

Le târ, ce luth à long manche, Sogol Mirzaei en joue depuis de nombreuses années. Si c’est à Téhéran qu’elle a appris à en jouer, le târ a fait le voyage avec elle jusqu’à Paris. Accompagnée de son instrument et de son ensemble Chakâm, Sogol Mirzaei est une figure reconnue du râdif, le répertoire traditionnel de la musique classique iranienne.

La chanteuse Liraz, dont le dernier album est une vraie pépite. Née en Israël car ses parents iraniens ont fui le pays à l’aube de la révolution, la chanteuse et comédienne Liraz Charhi chante pour se reconnecter à ses racines perses.

Elle est de retour avec son troisième album Roya ("fantaisie" en farsi). Enregistré en secret à Istanbul avec son groupe de Tel-Aviv et des musiciens iraniens de Téhéran qui n’ont pas froid aux yeux. Liraz et son sextet israélien (trois femmes, trois hommes) ont enregistré Roya en dix jours.

L’album Roya, une nouvelle étape pour la carrière de la chanteuse qui se distingue par la volonté de lutter contre l’oppression et la volonté de défendre le droit des femmes du monde entier à chanter, à se produire et à être entendues.

Marjan Farsad, née en 1983 à Teheran, réside actuellement à New York. Elle dédie son titre Mahtab (Clair de lune) à deux de ses amis qui ont été emprisonnés en Iran sous de fausses accusations.