Hélène Van Loo continue son exploration de la musique du sous-continent indien. Et après avoir évoqué le style vocal dévotionnel appelé dhrupad, le plus ancien de la musique classique indienne, elle nous parle d’autres formes vocales de la musique indienne.
Le ghazal
Le ghazal est une délicate forme poétique d’origine persane, chanté dans le Nord de L’inde ainsi qu’au Pakistan et qui se présente sous forme d’un poème d’amour.
Cultivé en Perse, au Xe siècle, et puis en Inde au XIIe siècle, le ghazal arrivera en Europe par le biais de certaines traductions. La beauté et le désir sans pudeur, sans fausse honte. L’amour profondément ancré dans cette littérature qui perpétue l’histoire d’émotions qui traversent les âges. L’une des plus grandes interprètes de ghazal s’appelle Begum Akhtar.
Najma Akhtar, chanteuse indienne vivant à Londres a modernisé les ghazals dans un concept "world music" qui marie cependant adroitement les qualités vocales du style avec des harmonies et des instruments occidentales mais aussi d’Afrique.
Le bhajan
Le prochain type de chant typique de l’Inde du Nord est le bhajan, un chant religieux hindouiste souvent dédié à Khrishna, le divin flûtiste. Chant de dévotion, il chante cette doctrine de l’amour de dieu.
Bhimsen Joshi est un grand interprète de bhajan. Bercé dès l’enfance par la voix de sa mère qui lui chantait des bhajans et ému par d’autres voix entendues au hasard dans les temples, ne pense qu’à la musique déjà tout petit… Pour l’anecdote… à l’âge de 11 ans, s’enfuit sur un coup de tête de la maison familiale avec l’idée de suivre une formation musicale. Bhimsen Joshi qui nous a quittés il y a 11 ans quasi jour pour jour.
Autre grande interprète qui inclut les bhajans à son répertoire de concert c’est Lakshmi Shankar.
La musique carnatique
La musique carnatique est la musique classique propre à l’inde du Sud. Le Karnataka est l’un des états de cette partie du pays, et non des moindres dans le domaine des pratiques musicales.
En Inde du Sud, la culture hindoue n’a pas subi d’influences du monde musulman. La référence y est encore souvent l’œuvre de trois compositeurs du XVIIIe siècle, à savoir Muttuswami Dikshitar, Syâma Sastri, et surtout Tyâgarâja, dont on disait que les notes jaillissaient de lui comme une fontaine. Les compositions ont une place beaucoup plus importante que dans la musique du nord de l’Inde. Les musiciens du Sud pratiquent également beaucoup l’art du Ragamalinka, ces "guirlandes de raga" où l’on enchaîne des modes différents dans une même interprétation. Un art difficile qui permet de dépeindre plusieurs émotions.
En Inde du Sud, le chant, comme en Inde du Nord, une place privilégiée. On peut citer les voix de Shemmangudi R Shrinivasa Iyer chez les hommes, d’Aruna Sayeeram et de M S Subbulakshmi pour les femmes. Cette dernière est l’une des plus grandes chanteuses carnatiques du XXe siècle, elle qui s’est fait d’abord connaître par le cinéma…
La musique instrumentale de L’inde du Sud fait souvent appel à la vina, ce luth à sept cordes joué par des virtuoses comme Chitti Babu ou Sundaram Balatchander. La flûte traversière est beaucoup plus courte que sa cousine du nord et a eu pour plus grand serviteur Ti R Mahalingam. Ce dernier naît dans une famille de brahmanes pas spécialement musicienne. Mais à l’âge de 5 ans, les sons qu’il tire de la flûte de son frère sidèrent son entourage. Son talent paraît d’autant plus mystérieux qu’il ne suivra pas de formation particulière auprès d’un maître.
La richesse des percussions dans la musique carnatique
La rythmique propre à l’Inde du sud est plus complexe que celle de la musique hindoustani, la musique de l’inde du nord. Si d’un côté comme de l’autre, la voix est au centre de la musique, les instruments tendant à l’imiter, ceux-ci diffèrent entre le nord et le sud.
La musique carnatique offre une grande richesse dans les percussions.
L’accompagnement rythmique est généralement assuré par trois instruments : un tambour en tonneau à deux peaux appelé le mridangam ; un grand pot en terre cuite, appelé le ghatam et un tambourin, le kanjira, auxquels se joint parfois une gimbarde, le moorsing.
Programmation musicale
Begum Akhtar – Dil Ki Baat Kahi Nahin Jaati (Album Version)
Begum Akhtar
Bhimsen Joshi – Ram, Ram, Ram, Bhajo
Bhimsen Joshi
Lakshmi Shankar – Bhajan de Jugalapriya
Lakshmi Shankar
L. Subramaniam – Raga kirvani : Râgamâlika – Vasanta-priyâ, khadyota-kânti
L Subramaniam
M. S. Subbulakshmi – Bhaja Govindam
M S Subbulakshmi
Veena S. Balachander – Uyyala Luga Vayya – Nilambari – Kanda Chapu (Live)
Raga Alapana (Version 2)
T R Mahalingam
Beyond the Flames
L. Subramaniam
Kriti "Paramatmudu" (Raga Vagadhiswari, Tala Adi)
Aruna Sayeeram