Le GAMS, fondé par Khadidiatou Diallo en 1997, travaille sur tous types de violences faites aux femmes : mariage forcé, mutilation génitale féminine, violence domestique et conjugale. L’ASBL lutte pour sensibiliser le grand public, prévenir les femmes victimes de MGF et leurs petites filles ainsi que sur la formation des professionnels, notamment en soin de santé. Un travail de sensibilisation, notamment mis en place via des fiches regroupées sous la nomination "arbre décisionnel" permettant d’aiguiller le personnel de première ligne dans l’aide aux victimes.
Le centre CeMaVie du CHU Saint-Pierre, de son côté, prend en charge les femmes ayant subi des mutilations, de manière multidisciplinaire : à la fois sur le plan psychologique, sexologique, gynécologique mais également chirurgical dans l’aide à la résilience.
Le Centre du CHU Saint-Pierre ainsi que l’UZ à Gand proposent d’ailleurs une reconstruction du clitoris. Reconstruction qui consiste à aller chercher le moignon de celui-ci, qui est à l’intérieur, derrière la cicatrice, et de le ramener à la peau. L’intervention est gratuite pour les personnes disposant d’une mutuelle. Gratuite sur le plan financier, mais parfois coûteuse sur la douleur physique infligée : la reconstruction occasionne tout de même trois mois de convalescence.
J’ai été orientée dans un hôpital à Gand, mais ça s’est très mal passé. C’était un double traumatisme pour moi. Cela a été la descente aux enfers, j’en ai voulu au monde entier, dont à mes parents
Une intervention nécessaire pour certaines, mais pas toujours suffisante. Comme le rappelle le docteur Martin Caillet, gynécologue à CeMaVie, il y a toute une série de facteurs, et notamment psychologiques, à prendre en compte avant d’envisager la chirurgie : "Il y a beaucoup de fausses croyances qui sont amenées en consultation comme penser que la reconstruction du clitoris est la solution ultime à la reconstruction de la femme. L’opération a évidemment toute son importance dans le cadre de personnes qui souhaitent retrouver une intégrité physique, qui se sentent frustrées ou fâchées qu’on ait enlevé une partie de leur corps sans leur consentement. Nous pensons à CeMaVie, que l’opération n’est pas la seule reconstruction, qu’il s’agit plutôt d’être capable de progresser vers l’empowerment, en essayant de ne pas passer par la lame du chirurgien qui peut être une agression physique, importante et douloureuse".
Awa confirme : "C’est tout un ensemble de circonstances, ce n’est pas que le clitoris qui fait les choses, c’est aussi le contexte dans lequel on vit. On arrive ici, on a d’autres problèmes. J’ai été excisée quatre fois dans ma vie, je l’ai ressenti. C’était une vraie douleur et un traumatisme. Quelques semaines après mon passage à l’hôpital de Gand, le docteur Caillet, mon gynécologue, m’a recontactée et m’a invitée à l’ouverture de la clinique du périnée à César De Paepe pour que je témoigne dans une discussion autour de la douleur. Il a remis de la couleur dans ma vie.
Le besoin de clitoris était là, mais il fallait dépasser tout ça. Comment ? Je me suis dit stop à la victimisation, je ne me laisserai plus jamais humilier, je m’en sortirai toute seule. Je n’ai pas de clitoris, mais je pourrai retrouver ce plaisir qu’on m’a volé. J’ai commencé à me documenter : sans clitoris, pourrais-je avoir un orgasme ? Oui ! J’ai commencé à chercher mon propre plaisir, je l’ai découvert grâce à toute cette persévérance".
Un plaisir qui peut être trouvé via la découverte d’autres zones érogènes et/ou grâce à l’aide d’accessoires comme des sextoys. "Lorsqu’une femme est excisée, on ne lui enlève pas la totalité du clitoris, toute une partie interne est encore présente. Il y a des femmes qui arrivent à avoir du plaisir même sans opérations, en arrivant à stimuler le reste du clitoris", complète la directrice du GAMS.