33 ans. L’âge du Christ. C’est également le temps qu’il a fallu au SSC Napoli pour remporter à nouveau le titre en Série A. Tout un symbole dans une ville où le football est une religion. Une terre volcanique de ballon rond qui a tremblé pour célébrer ce "scudetto" historique d’un club mythique pour ses si fervents supporters. Un trophée acquis tout au long d’une saison où tout s’est aligné. Retour sur les éléments clés du sacre des Partenopei.
Des choix radicaux en avant-saison
Une saison qui s’est jouée en partie avant même son lancement officiel. L’intersaison avait en effet été très active pour les instances du club. Avec des gros départs déjà : Dries Mertens le buteur historique du club adoré des fans, Lorenzo Insigne capitaine emblématique, en plus des précieux Kalidou Koulibaly et Fabian Ruiz. La masse salariale passait alors de 155 à 68 millions d’euros et permettait de recruter. Un recrutement surprenant qui s’avérera très malin au fil de la saison. Deux noms en particulier se sont révélés au peuple du golfe napolitain, ceux de Kvicha Kvaratskhelia et Kim Min-Jae. Deux illustres inconnus jusque-là, passés de l’ombre à la lumière à la vitesse de l’éclair.
Le défenseur central coréen s’est imposé dans la défense du Napoli et a rapidement fait taire tous les sceptiques. Il est devenu un pion essentiel de la défense ultra-efficace du club cette saison. Acheté 18 millions d’euros au Fenerbahçe, sa valeur marchande actuelle est évaluée autour de 50 millions d’euros.
Mais le nom que tout le monde retiendra, aussi difficile soit-il à prononcer pour les francophones que nous sommes, c’est celui de Kvicha Kvaratskhelia. Arrivé en provenance du Dinamo Batumi pour 11 millions d’euros environ, il en vaut désormais plus de 80 millions et est convoité de tous les côtés. Avec son bilan de quatorze buts et seize assists, il est le meilleur passeur décisif de Série A et bien placé dans le classement des meilleurs buteurs. Un peu moins à son avantage ces dernières semaines, il sera malgré tout nécessaire pour les partenopei de s’employer pour le garder.
Meilleure attaque, meilleure défense, cinq points perdus à l’extérieur : les quelques chiffres de la saison
Le sacre des hommes de Luciano Spaletti n’est pas dû au hasard. Tous les chiffres, ou presque, plaident en leur faveur cette saison pour ce troisième scudetto de leur histoire (après 1987 et 1990). Meilleure attaque, meilleure défense, 25 victoires pour seulement trois défaites et cinq partages. 69 buts inscrits (dont 34 par les seuls Osimhen et Kvaratskhelia), seulement 23 encaissés.
Alors que personne ne donnait cher de leur peau en avant saison après l’écrémage qui avait été effectué dans l’effectif, les deux premières rencontres avaient fourni les prémisses de ce qui suivra. 5-2 contre Hellas Vérone, 4-0 contre Monza. Mais deux partages avaient suivi, avant une victoire importante face à la Lazio. Parallèlement à tout cela, les Napolitains cartonnaient également en Ligue des Champions et commençaient vraiment à renouveler les espoirs des fans en leur équipe. Une succession de treize victoires toutes compétitions confondues présageait des meilleurs augures. Il faudra d'ailleurs attendre le 4 janvier pour voir la toute première défaite de Naples en championnat. De quoi avoir le baromètre confiance au top.
Seul le mois d’avril a vu Naples temporiser un peu avec l’élimination en Ligue des champions face à l’AC Milan, qui leur avait également infligé une défaite en championnat. À cela s’ajoutaient deux partages contre le Hellas Vérone et la Salernitana. Ce qui repoussait légèrement leur sacre, enfin confirmé.
Naples a donc empoché 79 points sur les 96 en jeu, 17 points perdus dont douze à domicile. Seulement cinq petites unités perdues à l’extérieur.
Les trois défaites de la saison en Série A : Inter – Naples, 1-0 (04/01/2023), Naples – Lazio, 0-1 (03/03/2023), Naples – AC Milan, 1-0 (12/04/2023)
Les quatre partages : Fiorentina – Naples, 0-0 (28/08/2022), Naples – Lecce, 1-1 (31/08/2023), Naples – Hellas Vérone, 0-0 (15/04/2023), Naples – Salernitana, 1-1 (30/04/2023), Udinese - Naples, 1-1 (04/05/2023)
Osimhen, l’homme providentiel
Naples s’était déjà mêlé à la course au titre la saison dernière, mais un pion lui avait manqué, son buteur Victor Osimhen. Cette saison, le Nigérian c’est un ratio de 0,81 but par match soit 22 buts en 27 rencontres de Série A. Ce qui le place en tête du classement des buteurs.
Le joueur a tout de même été indisponible pendant quelques rencontres en octobre et de nouveau en avril mais tout au long de la saison il s’est montré très régulier et Luciano Spaletti a pu compter sur lui. Et Naples avec son buteur masqué est toujours dangereux.
Luciano Spaletti, le fédérateur
Arrivé en juillet 2021 pour prendre la succession de Gennaro Gattuso, Luciano Spalletti connaissait déjà très bien le football italien. Passé notamment par Udinese, la Sampdoria, l’AS Roma et l’Inter Milan le technicien italien y réalisera de belles choses mais est encore considéré, à son arrivée à Naples, comme un bon entraîneur qui n’a rien gagné. Lui qui n’a jamais vraiment eu à sa disposition un effectif pour remporter un titre, n’est toujours pas vraiment dans cette position en débarquant dans la baie italienne. Mais Naples parvient tout de même à accrocher le podium dès sa première saison, et Spaletti pose alors les jalons du retour au sommet.
Après une intersaison remplie de changements, Spaletti ne semble toujours pas avoir la future équipe championne d’Italie entre les mains. Et pourtant il va déjouer les pronostics. Charismatique, protecteur envers ses joueurs, honnête avec les supporters, et efficace en termes de résultats ; il est parvenu à fédérer joueurs, supporters, staff autour d’un seul et unique but, la reconquête du titre. C’est désormais chose faite et à titre personnel, il s’agit d’une consécration pour l’homme de 64 ans.
Les "autres grands" n’étaient pas au rendez-vous
Entre les affaires de La Juventus, les irrégularités de l’AC Milan, et les petites fragilités de l’Inter Milan, les gros d’Italie n’ont pas été à la hauteur cette saison. La Lazio s’est révélée être l’adversaire le plus coriace des Napolitains, même si le club romain a limité la casse au fil de la saison. Naples a semblé bien seul sur sa planète dans la course au titre, et ce malgré une petite baisse de régime en avril que les Partenopei avaient acquis le luxe de pouvoir se permettre avec leur magnifique saison. Ils célèbrent donc un titre mérité, venu récompenser un exercice 2022-2023 de haut-vol, et soulager un peuple napolitain entièrement dévoué à sa cause.