Ne pas manger de viande, une bonne idée pour notre planète ? Il faut nuancer

Vrai ou faux ? Pour en avoir le cœur net, nous avons posé la question à Philippe Baret. Ce bioingénieur est un spécialiste de l’agroécologie, un ensemble de méthodes de productions agricoles respectueuses de l’environnement. Il ne nie pas l’impact de la consommation de viande sur l’environnement et notamment sur la production de gaz à effet de serre.

Mais il nuance, il ne faudrait pas confondre production de viande et élevage. Et d’expliquer : "Arrêter totalement de consommer de la viande, c’est renoncer à toutes les fonctions de l’élevage. Il faut trouver un point d’équilibre entre la consommation de viande et les autres fonctions qu’assurent les éleveurs."

Notre expert rappelle qu’une récente étude avait permis de calculer ce point d’équilibre : "Il fallait diviser par trois notre consommation de viande pour maintenir l’élevage tout en respectant les objectifs en termes de réchauffement climatique."

Philippe Baret va plus loin. L’élevage va être de plus en plus nécessaire pour maintenir un système agricole digne de ce nom (avec des emplois, des filières) et développer des systèmes agroécologiques et le bio. L’expert insiste : "On va devoir se passer des engrais chimiques qui proviennent notamment du gaz russe et les remplacer par des engrais organiques, du fumier fournis par les animaux. On aura besoin d’eux comme fournisseurs d’engrais."

Selon lui, se passer des animaux, c’est oublier d’autres objectifs comme la biodiversité, l’élevage bio, les emplois et autres dimensions socio-économiques. "Il faut être bas en consommation de viande mais toutes les études scientifiques montrent que cette consommation ne peut pas être nulle."

Le scientifique est clair. Il y a une production qu’il faut de toute façon très rapidement abandonner, c’est l’élevage industriel. Il n’apporte rien aux agriculteurs, aux consommateurs et surtout à l’environnement. Il est basé sur une grande densité d’animaux qui ne sont pas liés à leurs prairies, sur des importations massives de soja et cela est désastreux pour la planète. Il y a des modes d’élevage plus respectueux de l’équilibre entre production et services écologiques.

Quant à remplacer la viande par des alternatives qui lui ressemblent comme les burgers végétariens. Philippe Baret conclut : "C’est un non-sens de remplacer la viande par tous ces substituts qui se basent sur les mêmes modèles de production que les végans contestent quand ils parlent de viandes industrielles. Ce sont des produits ultra-transformés avec importation de multiples ingrédients et une même logique marketing pour vous vendre très cher des produits basiques."