On n'est pas des pigeons

Ne tombez pas dans le piège du veganwashing tendu par l'industrie alimentaire

Sandwich végétalien.

© Getty Images

Par On n'est pas des pigeons

C'est l'évolution la plus remarquable dans le domaine alimentaire: d'année en année, les rayons dans les grandes surfaces, dédiés aux produits d'origine exclusivement végétale, sont de plus en plus longs et approvisionnés avec des produits extrêmement variés. Et en plus, disséminées partout ailleurs dans les magasins, on trouve des alternatives 100% végétales.

Il y a plusieurs raisons qui poussent les consommateurs à délaisser les produits d'origine animale. Et l'industrie alimentaire a plus d'un tour dans son sac pour les berner.

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Une demande et une offre en équilibre

En 2021, végétaliens, végétariens, flexitariens représentaient près de 30% de la population belge (végétaliens 6%, végétariens 6%, flexitariens 19%). Urgence climatique, bien-être animal et santé sont les raisons qui poussent le consommateur à délaisser les produits d'origine animale.

Fabrice Derzelle, fondateur de Végétik, constate que "Du lait végétal, des steaks végétaux, margarines, yaourts végétaux, maintenant on fait de tout. Personnellement, je considère que l'élevage, c'est une technologie qui est devenue obsolète. Parce qu'une autre technologie est en train de la remplacer. Et cette technologie, elle est capable de produire un produit qui a le même goût, texture et saveur, avec une empreinte écologique moindre." Jessica Iriza Michelante, porte-parole EVA asbl, est bien consciente que la demande augmente et que les industriels l'ont bien compris.

L'industrie contre-attaque en trois temps

Face à cette révolution verte, l'ancien monde tente de maintenir ses parts de marché. 

  • Sa première arme: promouvoir et dénigrer. Avec des campagnes de promotion du lait de vache ou de la viande, même si parfois cela va dans le sens contraire des recommandations scientifiques.

Fabrice Derzelle souligne que la charcuterie a été classée dans la catégorie des cancérigènes avérés à côté de l'amiante et du tabac il y a 5 ans par l'OMS. Jessica Iriza Michelante estime que Les grosses industries vont essayer de "diaboliser tout ce qui est lié au véganisme". "Ils disent que c'est dangereux, car cela peut entraîner des carences, et que ce n'est pas forcément bon pour l'environnement."

  • Sa deuxième arme: rendre un produit plus végétal qu'il ne l'est. Un produit contenant de l'ananas, met en avant un ingrédient minoritaire végétal, alors qu'il est quand même composé de 90% de produits d'origine animale. Une brique de lait, sur lequel l'inscription "87% Plant Based" attire de suite l'attention. Comment interpréter cette mention ? Vincent Delhomme, chercheur en droit de la consommation, est certain qu'un consommateur comprend que c'est un lait végétal, et pas un lait de vache. "Pour comprendre cette appellation, il faut se référer à l'information qui se trouve à l'arrière, et qui explique que cette mention se réfère à l'emballage. Cette inscription est susceptible d'induire le consommateur en erreur. Il résume en disant: "Un cas clair de tromperie du consommateur avec derrière des visées commerciales"
  • Sa troisième arme: rendre un produit plus ami des animaux qu'il ne l'est. Par exemple, les dessins enfantins ou autre logos de vaches gambadant dans les prés, un trèfle à la bouche. Ou un label :"mieux pour tous" - pour la terre, les animaux et les hommes.

"Ca fait longtemps que la profession utilise des images en dessins animés d'animaux heureux", décode Fabrice Derzelle. Ils sont souvent en liberté sur les étiquettes. Jessica Iriza Michelante: "Il y a un degré de culpabilité chez les consommateurs. Conscients de ça, ils utilisent d'autres outils de marketing pour déculpabiliser le consommateur."

Epinglons le cas du cochon vert

"Le cochon bien-être", un cochon vert souriant qui gambade dans la nature ! Patrick Feller, éleveur de porcs bio, estime que l'image est un peu trompeuse et que l'image est un mensonge. Le label "Cochon bien-être" signifie: un peu plus d'espace que l'élevage conventionnel, pas d'antibiotique, pas de castration. Le label Bio signifie 3 fois plus d'espace que le "cochon bien-être", pas d'antibiotique, et la castration est autorisée sous anesthésie. Il n'impose pas de litière de paille ou d'espace extérieur.

D'après Michel Vandenbosch, président de GAIA: "En sachant qu'ils n'ont aucun parcours extérieur, c'est une forme de tromperie." Même abusif selon Fabrice Derzelle: "On ne peut pas parler d'élevage bien-être. S'ils ont un accès à l'extérieur et qu'ils peuvent exprimer leur comportement naturel, là on peut parler de bien-être." Jessica Iriza Michelante: "Pour moi, c'est évident que l'exploitation et l'abattage ne peuvent pas constituer une forme de bien-être animal."


Retrouvez "On n’est pas des pigeons" en replay sur Auvio.

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