Nettoyer les tombes, fleurir la mémoire : à l'approche de la Toussaint, ils perpétuent la tradition

Valérie s'inscrit dans une tradition familiale et voudrait aider à remettre en état l'ensemble du cimetière.

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Par Sylvia Falcinelli avec Anne-Catherine Croufer

Un dimanche ensoleillé à quelques jours de la Toussaint. Dans les cimetières, des proches de défunts en profitent pour venir entretenir les tombes. On les croise, munis de seaux, de raclettes, dans les allées. Ils déposent des fleurs. Ils plongent dans les souvenirs.

"J’ai l’impression qu’elle sait que je viens", confie Colette, émue. Elle s’occupe de la tombe de sa grand-mère, au cimetière d’Anderlecht. Sa propre mère a 98 ans et ne peut plus faire le déplacement. "Il n’y a pas vraiment de date pour nettoyer ou pour venir mais comme je travaille, c’est pas évident, alors c’est le dimanche que je viens". Elle se demande si cette tradition, si importante à ses yeux, va perdurer.

Colette, qui se retrousse les manches.
Colette, qui se retrousse les manches. © Tous droits réservés

Comme Colette, beaucoup n’attendent pas la Toussaint. L’entretien des tombes, c’est pour eux comme un rendez-vous avec ceux qu’on continue à aimer dans la mort.

Quand nous rencontrons Giuseppe, il s’affaire à déplacer des ornementations. L’approche du premier novembre, c’est pour lui l’occasion de faire un peu de place sur la sépulture de son père, qui recevra bientôt la visite des autres membres de la famille. "Moi je fais un peu le tour des cimetières, parce qu’aujourd’hui je fais celle-ci, et tantôt je pars à Mons pour faire d’autres tombes d’autres personnes de la famille", dit-il.

La tombe de Lucienne, décédée à 101 ans.
La tombe de Lucienne, décédée à 101 ans. © Tous droits réservés

A 90 ans, Victor aussi s’occupe de plusieurs tombes. Dans le cimetière où nous nous trouvons, sont enterrés son frère, sa femme, des amis, un cousin et sa belle-mère, Lucienne, décédée en 2014. "C’était une charmante femme, elle avait 101 ans, on est resté pratiquement 20 ans à nous deux [après la mort de ma femme]". Il a pris son cabas pour aller ensuite chercher des fleurs au marché. Il revient tous les jours.

Valérie et Charles
Valérie et Charles © Tous droits réservés

Sur les hauteurs de Liège, dans le cimetière de Robermont, Valérie et Charles sont eux venus prendre soin d’une tombe de plus de 60 ans. Elle abrite le père de Charles ainsi que ses grands-parents. "Moi ça me rassure, ça me fait plaisir, c’est l’occasion de penser à eux, c’est affectif", dit Valérie. Elle qui perpétue une tradition héritée de sa grand-mère s’inquiète de voir certaines tombes délaissées.

"D’année en année, il y a de moins en moins de fleurs", regrette-t-elle. "Avant, il y avait des taches de couleurs partout. Il y en a beaucoup en piteux état". Elle envisage de rejoindre une association de bénévoles pour remettre en état d’autres tombes et ainsi œuvrer à conserver ce qu’elle considère comme un patrimoine.

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