Santé & Bien-être

Neurosciences : l'empathie se modifierait d'une génération à l'autre à la suite d'un génocide, selon une étude de l'ULB

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© Getty

À la suite d'un conflit, les préjugés intergroupes sont souvent renforcés, accentuant ainsi le ressentiment à l'égard de l'autre groupe, fait savoir vendredi l'Université libre de Bruxelles (ULB) dans un communiqué. L'étude de l'évolution des préjugés intergroupes dans les sociétés déchirées par la guerre est essentielle pour mieux comprendre la perpétuation des conflits, poursuit l'université. Emilie Caspar, chercheuse à l'ULB, et son équipe se sont penchés sur le cas particulier du génocide au Rwanda.

 

Explications sur le génocide au Rwanda dans notre JT du 5 avril 2019:

Rwanda : Il y a 25 ans débutait le génocide des Tutsis

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Stimulations douloureuses

L'empathie est naturellement présente dans notre biologie afin que notre cerveau puisse comprendre et ressentir ce que l'autre ressent. Elle peut cependant varier en fonction du contexte, selon les auteurs. L'étude en question révèle ainsi que les membres d'un groupe social développent une empathie moindre envers les personnes externes à ce groupe. Ce manque d'empathie persiste dans la génération suivante, même lorsqu'elle n'a pas connu l'origine du conflit ou des préjugés.

Lors de l'expérience inédite pour cette population, les volontaires étaient invités à visualiser sous électroencéphalogramme des images de différents individus dont par exemple un ancien génocidaire, un survivant où l'un de ses descendants. Les images présentaient aussi des stimulations douloureuses ou non sur ces individus pour déclencher une réaction d'empathie dans le cerveau de l'observateur.

Rwanda et Khmers rouges

"Avec une telle procédure, il est classique d'observer que le cerveau traite les stimuli comme plus douloureux lorsque l'individu présenté est considéré comme un membre du groupe interne, par rapport à un membre du groupe externe. Et c'est exactement ce que nous avons observé dans notre échantillon de tous les volontaires, quel que soit leur groupe, même si le génocide a eu lieu il y a 27 ans au moment du test", explique Emilie Caspar.

Préjugés sur des générations

Les enfants, génération postérieure au génocide rwandais de 1994, ont affiché les mêmes préjugés intergroupes que leurs parents, sans avoir vécu le conflit eux-mêmes. "Ce résultat pourrait expliquer pourquoi certains conflits perdurent parfois sur plusieurs générations, car les enfants semblent avoir les mêmes préjugés que leurs parents", ajoute Emilie Caspar.

Les chercheurs souhaitent désormais déterminer comment les préjugés intergroupes sont transmis de génération en génération pour les réduire. Ils préparent pour cela un projet de recherche similaire au Cambodge, où un génocide mené par les Khmers rouges a tué environ deux millions de personnes entre 1975 et 1979. Deux générations postérieures au conflit pourront alors être étudiées.

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