La plupart des engagements à la neutralité carbone des entreprises, villes ou régions ne sont pas à la hauteur des récentes recommandations du groupe d’experts de l’ONU dédié à cette question, selon une analyse publiée mardi à la COP27.
"Les promesses de neutralité carbone ne doivent pas toutes être obligatoirement identiques, mais la plupart manquent des détails les plus basiques pour pouvoir être mises en œuvre", estime le Net Zero Tracker.
La plateforme qui regroupe plusieurs centres de recherche a repassé en revue les engagements des entreprises, villes et régions à l’aune du rapport du groupe d’experts de l’ONU qui la semaine dernière a tracé les "lignes rouges" contre le greenwashing des acteurs privés.
Selon eux, un engagement à la neutralité carbone est incompatible avec des investissements dans les fossiles ou des activités entraînant de la déforestation. Et l’achat de crédits carbone pour compenser des émissions ne peut remplacer la réduction effective de ces émissions.
"Le nombre d’acteurs qui respectent déjà certaines de ces règles est assez bas […] Beaucoup ne sont pas à la hauteur", a déclaré à l’AFP Richard Black, du groupe Energy and Climate Intelligence Unit, membre du Net Zero Tracker.
40% des entreprises cotées se sont engagées à la neutralité carbone
Selon l’organisme, 799 (à peine 40%) des 2000 plus grandes entreprises mondiales cotées en Bourse se sont engagées à la neutralité carbone - contre 617 il y a un an -, et moins de 30% ont traduit ces engagements dans des plans, la majorité visant la neutralité d’ici 2050.
Avant la précédente COP à Glasgow en 2021, "il y avait eu une augmentation importante du nombre de promesses et du nombre de promesses renforcées. Mais il n’y a pas eu beaucoup de progrès depuis", a commenté Richard Black, l’expliquant par la perturbation des chaînes d’approvisionnement provoquée par la guerre en Ukraine.
Alors que les experts de l’ONU recommandent des objectifs intermédiaires tous les cinq ans, la moitié seulement des entreprises ayant un objectif de neutralité ont une cible intermédiaire.
Et l’alignement avec les recommandations du groupe d’experts est encore plus faible sur d’autres critères fondamentaux.
Les experts de l’ONU soulignent ainsi que les promesses doivent couvrir toutes les activités d’une entreprise : activités directes (scope 1), consommation d’électricité et de chaleur (scope 2) mais aussi toutes les émissions indirectes en amont et en aval de la production, jusqu’à l’essence consommée par les automobilistes pour une compagnie pétrolière (scope 3). Mais selon le Net Zero Tracker, 15% seulement des 2000 entreprises examinées incluent les scopes 1, 2 et 3.
Quant aux crédits carbone, seul 1% des 2000 entreprises les ont exclus de leur objectif de neutralité carbone.