Le cinéaste russe Andreï Kontchalovski, aujourd’hui octogénaire, a mené une carrière totalement éclectique, à la fois dans son pays d’origine et aux USA, signant à la fois des drames romantiques ("Maria’s lovers", un des plus beaux rôles de Nastassja Kinski), des films à suspense ("Runaway Train" avec Jon Voight) ou encore des gros films d’action ("Tango et Cash" avec Sylvester Stallone et Kurt Russell). Déjà lauréat d’un grand prix du jury à Venise en 2002 pour son film "La maison de fous" (fresque sur un asile psychiatrique en Tchétchénie), Kontchalovski revient en compétition à la Mostra avec un drame historique, filmé en noir et blanc : "Dear Comrades !"
Le film revient sur un drame survenu en juin 1962, sous le règne de Nikita Kroutchev, resté dans l’histoire comme "Le massacre de Novotcherkassk". Suite à une inflation décidée par le régime des prix de la viande et du beurre, des ouvriers se révoltent dans une usine de construction de locomotives. Leur mouvement sera durement réprimé par l’armée et le KGB, avec plusieurs morts et blessés à la clé. Le cinéaste revisite ce drame à travers les yeux d’une femme, Lyuda, agent du KGB, qui va vivre les heures les plus angoissantes de sa vie lorsque sa fille adolescente disparaît pendant les troubles… A-t-elle été victime d’une balle perdue ? Est-elle encore vivante ?
Le générique du début précise que le film a bénéficié de l’aide du Ministère de la Culture de Russie. Ce n’était pas un signe de bon augure : "Dear Comrades !" est un pur produit de ce qu’il est convenu d’appeler l’"art officiel", académique, truffé de références assez opaques pour un public non russe… Et dès lors totalement inexportable.