En 1963, envieux de chanter en se différenciant de la vague yéyé et devenu Nino Ferrer, il enregistre un premier 45 tours, " Pour oublier qu’on s’est aimés " sur lequel on retrouve également le titre " C’est irréparable " qui s’exporte dans de nombreux pays. Pedro Almodovar l’intègrera dans la B.O. de son film " Talons-aiguilles " dans une version chantée par Luz Casal. A côté de l'écritre, tous les étés, Nino Ferrer anime les soirées dans divers clubs du sud de la France. Alors qu’il se produit dans un club-restaurant de Saint-Raphaël, le propriétaire des lieux perd son chien, Mirza. A l’entracte, le chanteur, désireux d’appeler à l’aide adresse une annonce au public en ces mots : " Zavez pas vu Mirza ? " et enchaîne avec " La la la la la la ". Ce qui devait être un appel à la rescousse sous forme de boutade a très bien été accueilli par le public et sous l’impulsion d’Eddy Barclay et avec le soutien de l’émission " Salut les copains ", "zavez pas vu Mirza" devient un tube en 1965 et un super tube l’année suivante. Nino Ferrer connaît enfin le succès et assure la première partie d’Hugues Aufray à l’Olympia. S’ensuivent d’autres titres comme " Les cornichons ", " Le téléfon ", " Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! ", " Mao et Moa ", tous empreints d’humour et de dérision ". Ses disques s’écoulent à des milliers d’exemplaires et sa chanson " Les hommes à tout faire ", extraite de son album paru en 1969 " Agata " sert de générique à la série télévisée " Agence Intérim ". Auparavant, en 1967, il rentre en Italie où il connaît également la réussite et anime sur la RAI, l’émission " Io, Agata e tu ".
De retour en France, en 1972, il enregistre l’album " Métronomie ", qui critique la société de consommation et témoigne déjà de la menace écologique. L’opus est soutenu par le titre " La maison près de la fontaine " qui se vend à plus de 500000 exemplaires. En 1973, Nino Ferrer crée son propre studio à Rueil-Malmaison. C’est là qu’il enregistre en 1975, avec la chanteuse américaine Radiah Frye, la chanson " Le Sud ", titre qui reste encore aujourd’hui le plus gros succès de l’artiste. Mais dépité par le décalage entre ses aspirations artistiques et ce qu’attendent le public et les maisons de disques, il décide d’arrêter la musique et s’adonne à la peinture. Ce qui doit arriver, arrive. Il tombe petit à petit dans l’oubli jusqu’à la sortie dans les années 90 d’une compilation de ses plus grands succès qui recueille les faveurs du public. Sa carrière remise sur les rails, Nino Ferrer enregistre de nouveaux albums et repart en tournée. Alors que l'opus " Suite et fin " est en préparation, victime d’une dépression survenue après le décès de sa mère, il met un terme à son existence le 13 août 1998, deux jours avant son anniversaire et un mois après le départ de sa maman. Ce 13 août, il avait endossé la veste qu’il portait à ses concerts dans les années 60, le chapeau qu’il arborait sur la pochette du 45 tours " Le Sud ". Il a laissé des messages à ses proches avant de rejoindre un champ et de se donner la mort d’un coup de fusil. Sa veuve, Kinou Ferrari, celle qu’il a aimée toute sa vie s’est éteinte le 17 mars dernier.