Diables Rouges

Nordin Jbari sur Martinez : "Il n’y a pas eu d’évolution depuis qu’il est là, ce n'est pas un entraîneur qui fait gagner des tournois"

L'heure du départ de Roberto Martinez était-elle venue ?

© Stuart Franklin - AFP

Par Jérôme Jordens

Alors que la Belgique a été éliminée en quart de finale de l’Euro par l’Italie il y a près d’une semaine, Roberto Martinez a annoncé ce jeudi qu’il restait à la tête des Diables Rouges. Un choix qui ne ravit pas forcément Nordin Jbari.

Il n’est pourtant pas étonné par ce choix : "La fédération est contente du travail de Martinez. Ils s’entendent très bien et il est également directeur sportif. Ils ont de bons rapports donc je ne les voyais pas le virer".

Malgré les ambitions, la Belgique n’a jamais su assumer son statut de numéro un mondial. "C’est la première fois depuis très longtemps qu’on est favori. Combien de chances va-t-on laisser à Martinez ? Cette génération commence à arriver vers la fin".

Si Nordin Jbari ne vise pas l’homme, il a en revanche plus de mal à accepter la rigidité tactique de l’Espagnol : "Martinez est un têtu, il ne changera jamais son système à 3 derrière. Lorsque Vincent Kompany a arrêté, il fallait une évolution derrière parce que dans une défense à 3, il faut un patron et il n’y en a plus. Jason Denayer et Dedryck Boyata sont arrivés et Thomas Vermaelen est excellent mais est souvent blessé. On l’a vu contre l’Italie, il n’y a pas de patron dans cette équipe".

Au-delà de la défense, le système a également un impact négatif sur les autres joueurs de l’effectif pour notre consultant : "Le système n’apporte pas l’efficacité de tous les joueurs. Carrasco est excellent en club mais c’est très difficile avec les Diables. Il n’a même plus joué sur la fin du tournoi. Il faut adapter ton système aux joueurs que tu as".

Manque d'adaptation tactique

Ce qui dérange également Nordin Jbari c’est le manque d’adaptation tactique de Roberto Martinez. Face à l’Italie, le milieu de terrain belge n’a jamais semblé pouvoir prendre l’avantage sur celui de la Squadra. A deux contre trois, Witsel et Tielemans n’ont jamais trouvé la réponse. "Witsel n’a pas joué depuis six mois, il a été excellent avec son positionnement pendant tout le tournoi mais avec l’intensité qu’a mise l’Italie, on a senti son manque de rythme. D’autant plus qu’il était à côté d’un Tielemans qui n’a pas fait un bon Euro. J’aurais tenté de mettre un homme en plus au milieu, pourquoi pas Dendoncker, même si je ne suis pas un grand fan, pour essayer de rééquilibrer les choses".

Une autre erreur de Martinez a été de ne pas plus impliquer Christian Benteke et Michy Batshuayi qui auraient peut-être permis de débloquer la situation : "Romelu Lukaku a fait une saison extraordinaire et donc il allait être attendu et on n’avait pas de plan B. On a essayé de balancer sur Lukaku alors que Chiellini et Bonucci étaient très bien dans ce domaine. Pourquoi ne pas faire rentrer Benteke pour l’épauler ? Mais même contre la Finlande ils n’ont pratiquement pas joué donc comment voulez-vous qu’ils soient en confiance ?".

Le cas Eden Hazard

La gestion de l’effectif n’a pas été optimale et même s’il n’a pas pu compter sur des joueurs à 100% physiquement, les problèmes de certains sont très anciens et ne sont donc pas des surprises. Pourtant, il n’y a semble-t-il pas eu d’anticipation pour palier à la méforme de certains leaders. Nordin Jbari se pose également des questions sur la gestion du cas Eden Hazard : "Je ne l’aurais pas fait jouer tout le match contre la Finlande et je l’aurais sorti aux alentours de la 75e contre le Portugal. Je comprends les arguments de Martinez, c’est délicat, mais il fallait prendre le risque de le sortir, pour pouvoir conserver les ambitions futures".

Car sans Eden Hazard, c’est un autre Kevin De Bruyne que l’on voit sur la pelouse. Longtemps comparés et qualifiés comme incapables de jouer ensemble, ils sont pourtant complémentaires et la présence du joueur du Real est même indispensable pour permettre au Citizen de jouer sur ses qualités : "De Bruyne a besoin de s’écarter un peu pour prendre de l’espace. Eden Hazard peut alors venir se glisser dans le cœur du jeu et libérer cet espace pour Kevin. Avec Eden tu peux gagner le tournoi, sans Eden c’est impossible".

Un grand nom envisageable ?

Notre consultant est donc déçu de l’impact de Martinez sur les Diables Rouges : "Il n’y a pas eu d’évolution depuis qu’il est là. Notre ambition doit être de gagner. Ce n’est pas un mauvais entraîneur mais ce n’est pas un entraîneur avec lequel on gagne un tournoi. Nous sommes le seul pays favori à ne pas presser vers l’avant. Toutes ces critiques ne datent pas de cet Euro, cela fait plusieurs années que c'est comme ça".

Pour le futur, Nordin Jbari pense donc que la Belgique avait besoin de changement. Et pour le remplacer, il faudrait un grand nom qui viendrait sur une période assez courte pour tenter de remporter la Coupe du Monde 2022 qui sera le dernier grand tournoi de certains cadres : "Si on est une grande équipe, il nous faut un grand entraîneur. J’entends l’argument de l’argent mais on peut convaincre autrement avec le projet de gagner une coupe du monde. En plus, la Belgique va toucher 16 millions pour sa participation à l’Euro donc c’est possible. Pourquoi ne pas contacter des gars comme Zidane ou Conte ?".

Ces noms resteront des fantasmes puisque l'Union Belge a décidé après moins d'une semaine de réflexion de conserver sa confiance en Roberto Martinez qui vivra donc sa deuxième Coupe du Monde avec les Diables au Qatar en 2022.


►►► À lire aussi : Alex Teklak : "Si on prend quelqu’un d’autre que Roberto Martinez, on retourne 15 ans en arrière"

►►► À lire aussi : La "génération dorée" belge peut-elle encore briller après l’Euro ?


Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous