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Nos vies en flammes : le roman d'une Amérique qui sombre

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Par Sébastien Ministru via

Sébastien Ministru nous emmène à la rencontre du nouveau livre de David Joy, "Nos vies en flammes".

 

"Nos vies en flammes" est le quatrième roman de David Joy. Il est né en Caroline du Nord. Il a 38 ans et il ressemble à un chanteur de folk indé… "Nos vies en flammes" commence dans la vie – apparemment tranquille – de Ray Mathis, un type en salopette, un veuf avec une longue barbe - qui vit avec sa chienne dans sa petite ferme au bord des montagnes. Vie apparemment tranquille puisque son esprit est tourmenté par le mode de vie de Ricky, son fils qui est un toxico rongé par la came. Un garçon qui se fourre dans toutes sortes d’embrouilles pour avoir de la drogue.

Au moment où commence l’histoire de "Nos vies en flammes", Ray reçoit un appel de son fils Ricky qui – paniqué et complètement à la ramasse, lui annonce qu’il va se faire buter par les mecs qui le retiennent. 

Et, en effet – les dealers qui retiennent Ricky réclament au père de régler ses dettes de toxico gourmand : 10.000 dollars… Question à notre aimable clientèle : quand votre fils est menacé de mort et qu’on vous demande 10.000 dollars pour le laisser en vie, qu’est-ce que vous faites? Ray Mathis, lui – le fait : il prend toutes ses économies, il rassemble la somme de 10.000 dollars et il va sauver son fils.

Son fils rentre à la maison. À cause du manque, Ricky transpire sa vie et se tord de douleur dans son lit d’adolescent. Et quand on est vraiment atteint – quand on est vraiment accro, et donc malade – on est capable de tout. Du coup, Ricky profite du sommeil de son père pour chiper des médicaments, les réduire en poudre et se les injecter dans le cou.

C’est la seringue dans le cou que son père le découvre, affalé entre la baignoire et la cuvette des toilettes.  Et là, Ray prend son fils, le jette dehors et lui gueule de ne plus jamais revenir. Voilà, c’est fini… Enfin, c’est fini mais c’est le début du livre…

 

Un livre qui raconte le désespoir d’un père dans une Amérique qui sombre

 

On aurait tendance à l’oublier parce qu’on n’est plus dans les années 70 – où l’héroïne était diabolisée, mais aujourd’hui – l’Amérique est toujours confrontée à un grave problème d’addiction et de santé publique. Avec notamment, cette crise des opiacés qui ont fait crouler des gens qui – à la base, n’avaient rien pour devenir des junkies.

Dans le livre – "Nos vies en flamme", l’histoire du père qui a jeté à la rue son fils toxico se poursuit – et c’est le cœur du roman – avec un autre incendie qui enflamme le cœur et la tête de ce père : l’incendie de la vengeance.

En convoquant une galerie de personnages particulièrement attachants. En suivant ses personnages, David Joy travaille sur les contrastes. Contraste entre la beauté des paysages et la destruction des paysages soumis au dérèglement climatique.  Contraste entre les valeurs de la terre – cette terre rassurante et socle de la communauté et l’emprise de produits toxiques… Contraste entre hier et aujourd’hui… Entre le rêve américain et le cauchemar du quotidien…

On a déjà lu beaucoup de livres sur ce sujet – dans cette Amérique des recoins oubliés, sur cette Amérique anti-glamour et fauché. Et pourtant, David Joy arrive encore à nous accrocher parce que son écriture est contaminée par un immense amour pour ses personnages … Et par une immense affection pour ces gens – junkies et parents de junkies – qui ne méritent aucune place dans le top de l’actualité… C’est alors à la littérature et au roman de les mettre en exergue…

 

C’est ce que fait, magnifiquement, David Joy dans "Nos vies en flammes", c’est paru chez Sonatine… Allez-y, c’est de la balle…        

 


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« Nos vies en flammes » de David Joy

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