Patrimoine

Notre-Dame de Paris : on en sait plus sur les sarcophages anciens trouvés sous le pavement de la cathédrale

Fouille d’un des squelettes retrouvé dans un sarcophage de plomb sous la cathédrale

© Denis Gliksman, Inrap

Il y a quelques mois, les équipes d’archéologues chargées de fouiller le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris ont mis au jour deux sarcophages en plomb sous le pavement de la nef de la cathédrale. Après avoir été analysés, les deux défunts livrent leurs premiers secrets.

Le terrible incendie de 2019 aura au moins permis aux archéologues d’avoir accès au monument et d’explorer son sol. Et les découvertes faites sont assez inattendues. Ainsi, ce sont deux sarcophages en plomb qui ont refait surface lors du chantier de fouille entre février et avril dernier.

On savait que ces deux cercueils étaient probablement ceux de personnages importants, car le plomb était réservé aux sépultures des élites. De plus, leur proximité avec le chœur de la cathédrale confirme qu’ils devaient être des dignitaires, puisque ces places étaient très recherchées.

Les deux sarcophages ont fait le voyage jusqu’à Toulouse, à l’institut médico-légal du CHU, pour être examinés sous toutes leurs soudures. Grâce à l’imagerie médicale, l’étude des cercueils et des corps a pu révéler quelques précieuses informations.

Observation des ossements en fluorescence sous ultraviolets au CHU de Toulouse
Observation des ossements en fluorescence sous ultraviolets au CHU de Toulouse © Denis Gliksman, Inrap

En général, le plomb est une matière qui favorise la conservation de ce qu’il contient. Mais les sarcophages ont subi les affres du temps, et ont été percés à plusieurs endroits. Leur contenu a donc été altéré.

L'épitaphe sur la plaque du sarcophage du chanoine de La Porte.

Le premier défunt à tout de même pu être identifié grâce à une épitaphe sur le cercueil. Il s’agit du Chanoine Antoine de la Porte, décédé le 24 décembre 1710 à l’âge de 83 ans. Le prélat a joué un rôle important dans l’aménagement intérieur de Notre-Dame aux 17 et 18e siècles. Si sa vie est assez bien documentée, les restes de l’homme, certes en mauvais état, permettront de confirmer ou non ce que l’on sait de lui.

L’autre défunt est plus mystérieux. Il est mort entre ses 25 et 40 ans, mais est plus ancien que l’autre corps. Les premières estimations faites lors de sa découverte laissent à penser que l’homme a vécu au 14e siècle.

Détail de restes de fleurs retrouvés dans le sarcophage

Son identité n’a cependant pas pu être confirmée. Ses restes ont aussi subi des dommages, mais les scientifiques ont malgré tout pu retrouver des restes de linceul et des restes de végétaux, feuilles et fleurs qui devaient sans doute former une couronne.

L'équipe de fouille au travail devant le sarcophage anthropomorphe

Tous ses os ont été conservés, et son crâne a été scié, signe qu’il a été embaumé. Ce traitement mortuaire était réservé aux aristocrates. Les analyses osseuses ont également pu déterminer que l’homme était un cavalier régulier depuis un très jeune âge.

Le sarcophage en lui-même est exceptionnel. Il épouse la forme du corps qu’il contient, comme s’il avait été moulé autour de lui. Une pratique qui était totalement inconnue jusqu’ici.

Outre les deux sarcophages, les fouilles ont permis d’en apprendre plus sur la construction et l’évolution de la cathédrale. Mais il reste encore beaucoup de zones d’ombre à propos des deux décédés. Les scientifiques espèrent bien déterminer, d’ici 2023, leur origine géographique, leurs habitudes alimentaires, les causes de leur mort ou encore les spécificités de leur inhumation.

L'Heure H

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