Cette semaine, dans le PODCAST "Déclic – Le Tournant", nous vous proposons une rencontre avec le biologiste français Olivier Hamant. Il est directeur de recherche à l’INRAE (Institut National de la recherche en Agriculture et Environnement) et directeur de l’Institut Michel Serres. Il vient de publier un ouvrage intitulé "La Troisième voie du Vivant" où il propose de tourner le dos à la performance et de choisir… "la robustesse" comme nouvel axe du progrès humain. Interview.
Pourquoi estimez-vous que l’on a un problème avec la performance ?
Olivier Hamant : "Alors, il faut peut-être d’abord définir ce que l’on entend par performance qui est, selon une définition basique : la somme de l’efficacité (atteindre un objectif) et de l’efficience (avec le moins de moyens possibles). Et cette performance on peut la critiquer au départ de 4 arguments principaux :
Premièrement, la performance est réductionniste : pour viser l’efficacité et l’efficience, on découpe les problèmes en plein de petits problèmes, on se concentre sur un problème en particulier, qu’on essaye de résoudre… et, ce faisant, on fragilise tout le reste. La Mondialisation typiquement est remplie de pensée réductionniste, on optimise mais du coup on fragilise. Deuxièmement, la performance génère des effets rebond : quand on augmente par exemple l’efficacité des frigos, ils coûtent moins cher, ils sont plus attractifs et du coup on achète plus de frigos, on les remplace plus souvent… Résultat on consomme plus de ressources.
Troisièmement, c’est la loi de Goodhart qui dit que quand une mesure devient un objectif, elle cesse d’être une bonne mesure. L’exemple typique c’est le sport de compétition, le but n’est plus le sport en soi mais d’arriver tout en haut du podium… Cela génère du dopage, de la triche qui n’a plus rien avoir avec du sport mais tout avoir avec la compétition. Et quatrièmement, notre quête humaine de performance a un coût social énorme et un coût écologique énorme. On est en train de provoquer un burn-out humain et un burn-out des écosystèmes".
Et ce serait quoi alors le bon cap, alors, si ce n’est plus la performance ?
Olivier Hamant : "L’enjeu du progrès humain au XXIe siècle ne doit plus être la performance mais… la robustesse. C’est le bon logiciel dans un monde qui devient structurellement de plus en plus instable et avec une pénurie de ressources. La définition de la robustesse, c’est maintenir le système stable malgré les fluctuations. C’est la réponse opérationnelle à un monde fluctuant. C’est d’ailleurs ça la boussole des êtres vivants si on les regarde bien. Or les êtres vivants construisent la robustesse, en allant contre la performance. C’est un tournant, une révolution culturelle totale".
Ceci n’est qu’un court extrait de la pensée développée par le biologiste Olivier Hamant dans le Podcast "Le Tournant" de cette semaine. Il est a découvrir au complet sur Auvio et sur vos plateformes de téléchargement.