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"Nous sommes menacés à chacune de nos activités": les associations montoises dénoncent la montée de l’extrême droite

Mons : les associations montoises dénoncent la montée de l’extrême droite (M. Warland - JP Viva 31/05/23)

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Par Maïté Warland

C’est une information RTBF, les associations et le monde culturel se rassemblent à Mons pour dénoncer les attaques régulières dont ils sont la cible ces derniers mois de la part de groupes d’extrême droite.

"À chacune de nos manifestations ou de nos activités, ils sont présents avec des pancartes, des slogans. Ils sont menaçants", nous explique Cédric Devriese, membre de la plateforme Mons antifasciste, créée récemment. "Nous sommes obligés de faire attention, de surveiller les appels à la haine sur les réseaux sociaux… Nous avons décidé de continuer et d’être nombreux à chaque activité."

En mars dernier, lors de la journée mondiale de lutte contre le racisme, les choses dégénèrent :"Ils sont devenus violents", ajoute Cédric Devriese, "une personne du groupe d’extrême droite a agressé un jeune du mouvement antiracisme. Une plainte a été déposée et la police poursuit son enquête".

La plateforme regroupe aujourd’hui des associations de lutte contre les discriminations, mais aussi des syndicats, des théâtres ou encore des collectifs citoyens.

Les membres du front antifasciste dénoncent aussi une présence de plus en plus importante de l’extrême droite dans les hautes écoles et universités montoises : "Ils ciblent les jeunes, placardent des affiches dans les couloirs. Ils cherchent à être visibles partout et à donner une image polie et dédiabolisée, comme le fait le Vlaams Belang ou le Rassemblement National français."

Suite à ces événements, la plateforme décide de déposer une motion à la ville de Mons, pour qu’elle devienne une ville antifasciste. La motion a été déposée lors du conseil communal du 30 mai. Elle a été bien reçue par la majorité PS-Ecolo : "Nous allons constituer un groupe de travail", nous explique Nicolas Martin, bourgmestre de Mons. "La motion telle que déposée doit être corrigée à la marge pour des choses légales. Mais on va avancer avec le groupe de travail qui associera le collège, les partis qui le souhaitent et la plateforme", ajoute encore le bourgmestre.

"Ville antifasciste": un acte symbolique ?

La réflexion de faire des grandes villes wallonnes des villes antifascistes prend de l’ampleur, en janvier dernier, c’est la ville de Charleroi qui décidait d’adopter cette motion et de devenir une ville antifasciste. La ville de Liège vient d’adopter la même motion, le 22 mai dernier. Une interpellation a eu lieu à Namur. Pour l’instant, le bourgmestre de la capitale wallonne n’a pas donné une suite positive à cette demande.

Mais que veut dire cette notion de "ville antifasciste"? Nous avons posé la question à Benjamin Biard, politologue au CRISP, le centre de recherches et d’information sociopolitique :"La motion est un acte symbolique. Concrètement par exemple, elles n’ont pas pour but, généralement, d’interdire un meeting politique d’extrême droite sur le territoire de la commune. Il manque une base légale pour le faire. Mais, ça s’est vu à Charleroi, après l’adoption de cette motion de ville antifasciste, le bourgmestre peut prendre un arrêté de police pour faire interdire tout rassemblement d’extrême droite. Mais se déclarer ville antifasciste c’est aussi un engagement à contrer le développement des idées d’extrême droite en amont, c’est-à-dire à sensibiliser davantage les personnes, y compris les plus jeunes qui sont la cible de ces groupes, dans la commune. Donc, en résumé, ce type de motion est un ensemble d’engagement pris par une ville pour lutter contre les idées d’extrême droite."

La motion "Mons ville antifasciste" pourrait être adoptée, selon nos sources, dès ce mois de juin.

 

"Une montée de l’extrême droite en Wallonie qui inquiète"

Mais comment expliquer la multiplication des dépôts de ce type de motion, que cela soit une initiative citoyenne ou politique ? Pour Benjamin Biard, l’explication est à chercher du côté de la visibilisation grandissante de certains groupes ou partis d’extrême droite :" Cela traduit une inquiétude de la montée de l’extrême droite, et plus précisément du développement du parti Chez Nous. Très concrètement, c’est le développement de ce parti qui est souvent visé par ces motions et qui a déjà fait l’objet de mesures communales, notamment à Charleroi. Et à côté de ces motions on voit aussi des collectifs antifascistes se développer ou se développer à nouveau, je pense notamment à Namur. Cela démontre, une nouvelle fois, l’inquiétude qui grandit au sein d’une partie de la société."

Nos confrères de la Libre Belgique annonçaient qu’un accord avait eu lieu au sein de l’extrême droite belge : le Vlaams Belang ne présentera pas de listes en Wallonie afin de ne pas faire d’ombre à Chez Nous. Benjamin Biard explique : " Le terme que j’ai employé c’est parrainage. Le parti Chez Nous a été parrainé par d’autres partis d’extrême droite, et pas que par le Vlaams Belang. Ils parviennent ici à s’accorder d’un point de vue électoral. En 2019, le Vlaams Belang avait réussi à récolter un peu plus de 18.000 voix. À l’époque il n’avait pourtant pas fait campagne en Wallonie, avait des listes très peu complètes. C’était donc symbolique. Aujourd’hui, cet accord me semble très utile pour le parti Chez Nous. Mais idéologiquement, ce sont des formations qui partagent à ce point un même fond, évidemment pas sur le point communautaire et institutionnel, mais sur l’immigration, les positions conservatrices ou encore le dégagisme politique, que cet accord ne me surprend pas."

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