Littérature

Nouveau mot de l’année 2022 : les votes sont ouverts

Nouveau mot de l’année 2022 : les votes sont ouverts. Image d'illustration.

© Getty Images

À quelques semaines de la fin de l’année, l’opération est de retour pour une huitième édition. À vos claviers pour désigner la création lexicale la plus marquante des onze derniers mois…

Qui se souvient d’ultracrépidarianisme ? Fin décembre dernier, quelques jours avant le cap de la nouvelle année, le terme – qui désigne ce comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétences – était officiellement désigné "Nouveau mot de l’année 2021". Depuis lors, il a quelque peu progressé dans les usages sans provoquer non plus un raz-de-marée.

Aujourd’hui, La RTBF et Le Soir se mettent officiellement en quête du "nouveau mot de l’année 2022". C’est-à-dire de la création lexicale la plus marquante de ces onze derniers mois. Pour en juger, les deux médias font aux choix de leurs lecteurs.  

L’opération bénéficie, depuis ses débuts en 2015, de l’amour des mots de Michel Francard, linguiste et ancien chroniqueur du Soir, et du soutien avisé du centre de recherche Valibel (UClouvain) au sein duquel on retrouve notamment Anne Catherine Simon. Avec le soutien du public et des deux médias, ils ont le grand mérite d’animer une opération qui souligne les évolutions de la langue française.

Comment se déroule le processus qui d’ici à la fin décembre pointera le nouveau mot de l’année ?

Dans un premier temps, les auditeurs de la RTBF, les lecteurs du Soir et les internautes formulent jusqu’au 30 novembre minuit leurs propositions dans un sondage accessible sur les sites internet des deux médias. Ils joignent à celles-ci une courte définition des termes proposés, histoire d’éviter toute équivoque.

Dans un second temps, des linguistes du centre de recherche Valibel rassemblent ces propositions et soumettent celles qui rencontrent les critères à un jury composé de personnalités du monde des lettres et de journalistes de la RTBF et du Soir. Celles-ci en débattent et retiennent finalement les dix mots qui leur semblent les plus pertinents et inventifs. Au cours des quinze jours qui suivent, le grand public fait son choix et l’exprime dans un nouveau sondage en ligne.

À l’aube de cette édition 2022, Michel Francard ne cache pas une certaine impatience : "Cette édition du 'Nouveau mot de l’année' est la huitième d’affilée, avec un succès qui ne s’est jamais démenti".

"Sa méthodologie est maintenant bien connue des personnes qui lisent Le Soir, écoutent la RTBF ou sont adeptes des réseaux sociaux", poursuit-il. "Elle s’installe donc dans les habitudes, mais il ne faudrait pas qu’elle s’y enlise. Le record de 2021 – 1447 propositions de mots "nouveaux" – sera-t-il battu ? Verra-t-on émerger des mots aussi inattendus que ce ultracrépidarianisme qui a été plébiscité l’année passée ? J’ai hâte… "

Comme 2020 et 2021, l’année qui s’achève a été chargée en faits marquants. Ceux-ci pourraient-ils "souffler" aux votants le terme lauréat ? "Effectivement, l’année 2022 a été riche en évènements marquants", répond Michel Francard.

"Il y a là, bien sûr, matière à faire émerger de nouveaux mots, de nouvelles expressions, mais ce n’est pas garanti. Il ne faut pas surestimer l’effet de faits historiques, même majeurs, sur l’évolution du lexique. La Révolution française, par exemple, n’a donné qu’un petit contingent de mots 'révolutionnaires'. L’argot des Poilus, associé à la Grande Guerre, n’est pas né entre 1914 et 1918 : il combine des états de langue antérieurs auxquels il fait peu d’ajouts, tout en leur donnant une forte visibilité. Il se pourrait donc que le gagnant 2022 n’ait pas de rapport avec l’invasion de l’Ukraine, la flambée des prix de l’énergie ou le dérèglement climatique."

Le linguiste se permet également un petit rappel bien utile : des termes devenus très fréquents ces derniers mois ne sont pas forcément des mots nouveaux. "La crise du Covid nous a rendus familiers de termes techniques comme comorbiditégel hydroalcoolique ou geste barrière ; mais ceux-ci existaient bien avant 2020", affirme-t-il.

"Il en va de même pour écoanxiété, attesté à l’écrit depuis 2007 ; ou de bombe sale, repris dans les dictionnaires de référence pour être distingué de bombe propre ; ou encore de guerre hybride, connu depuis le tout début des années 2000", conclut-il.

Un votant averti en vaut deux…

Voici le lien où vous êtes invité(e) à poster votre mot de l'année 2022 :

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