Comme 2020 et 2021, l’année qui s’achève a été chargée en faits marquants. Ceux-ci pourraient-ils "souffler" aux votants le terme lauréat ? "Effectivement, l’année 2022 a été riche en évènements marquants", répond Michel Francard.
"Il y a là, bien sûr, matière à faire émerger de nouveaux mots, de nouvelles expressions, mais ce n’est pas garanti. Il ne faut pas surestimer l’effet de faits historiques, même majeurs, sur l’évolution du lexique. La Révolution française, par exemple, n’a donné qu’un petit contingent de mots 'révolutionnaires'. L’argot des Poilus, associé à la Grande Guerre, n’est pas né entre 1914 et 1918 : il combine des états de langue antérieurs auxquels il fait peu d’ajouts, tout en leur donnant une forte visibilité. Il se pourrait donc que le gagnant 2022 n’ait pas de rapport avec l’invasion de l’Ukraine, la flambée des prix de l’énergie ou le dérèglement climatique."
Le linguiste se permet également un petit rappel bien utile : des termes devenus très fréquents ces derniers mois ne sont pas forcément des mots nouveaux. "La crise du Covid nous a rendus familiers de termes techniques comme comorbidité, gel hydroalcoolique ou geste barrière ; mais ceux-ci existaient bien avant 2020", affirme-t-il.
"Il en va de même pour écoanxiété, attesté à l’écrit depuis 2007 ; ou de bombe sale, repris dans les dictionnaires de référence pour être distingué de bombe propre ; ou encore de guerre hybride, connu depuis le tout début des années 2000", conclut-il.
Un votant averti en vaut deux…