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Nouvelle composante à la Défense : "Le cyber, c’est un théâtre d’opération à part entière", assure Ludivine Dedonder

L'invitée de Matin Première: Ludivine Dedonder, ministre de la Défense

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Ce matin, sur la Première, on a parlé " Cyber Défense ". Ludivine Dedonder, la ministre fédérale de la Défense (PS) était l’invitée de Thomas Gadisseux et de François Heureux sur La Première.

Etat-major

Officiellement ce mercredi marquera le début de la création de la 5e composante de la Défense, " la composante cyber ". Le " Cyber Commandement " – soit l’Etat-major- va être mis en place. Il devrait être opérationnel avant la fin de la législature (2024) et rejoindra donc les autres composantes de la Défense, soit l’armée de terre, de mer, de l’air et médicale de l’armée belge.

Protéger

Mais pourquoi donc créer cette nouvelle armée ? Pour Ludivine Dedonder, le " cyber monde ", soit le monde informatique et numérique (pour la petite histoire, " cyber " vient du grec Kubernêtiké qui veut dire " gouvernail "), espace nous permettant d’avoir beaucoup de connaissances, " est aussi un lieu de vulnérabilité pour nos sociétés. Cyberattaques, désinformations, cybermenaces… Ce sont des situations auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés ". Face à cela, la ministre préconise donc de se protéger et de maîtriser cet environnement numérique. " On ne parle pas d’un cyberespace militaire et d’un cyberespace civil. Il s’agit d’un cyberespace unique. Et c’est pour ça qu’on veut créer une composante " cyber " duale. Qui nous permette à la fois de protéger nos militaires mais aussi les systèmes non-militaires critiques – dits aussi vitaux — ". Il s’agira donc pour la Défense de missions d’infiltration et de contre-attaque si nécessaire.

Budget gonflé

La Défense renforce donc ses moyens technologiques, matériels et humains. Ce qui a un coût, évidemment. Un réinvestissement massif du fédéral dans l’armée (après de nombreuses " coupes budgétaires du gouvernement précédent ", note la ministre). Pour la composante " cyber ", Ludivine Dedonder précise qu’elle est allée chercher quelque 4OO millions – sans compter le budget de fonctionnement et le personnel —.

Contre-attaque

Une nouvelle division militaire qui pourrait donc s’avérer bien utile. Rappelez-vous, en décembre 2021, le ministère de la Défense a été attaqué par des pirates informatiques. La menace pèse donc sur les administrations publiques. La ministre de rappeler d’ailleurs cette attaque " par des groupes criminels " de la Défense suivie de celle d’un hôpital tournaisien ou ardennais quelques jours plus tard.

Mais est-elle en augmentation depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine ? " Le Cyber, c’est un théâtre d’opérations à part entière. Il y a aussi une guerre qui se passe de ce côté-là. C’est donc tout l’intérêt d’avoir une composante cyber " explique Ludivine Dedonder.

La Défense recrute donc militaires et civils. Des analystes, des agents qui s’infiltrent, recueillent des informations " pour protéger les citoyens ". Ils auront accès à " de hautes technologies ", à des documents classifiés, " à des opérations à l’étranger ". De quoi mettre l’eau à la bouche à de potentiels intéressés (" qu’ils aient un master, un bac ou tout simplement passionnés d’informatique car nous pouvons les former " surenchérit la ministre).

« C’est un entraînement »

La conversation a aussi abordé le thème des exercices de l’Alliance atlantique en cours cette semaine en Belgique. On y fait voler une cinquantaine de bombardiers et autres avions de chasse dans le cadre d’un exercice militaire conjoint à 14 membres de l’OTAN.

Pour Ludivine Dedonder, il ne s’agit pas là d’une provocation envers le Kremlin. " Il s’agit d’un exercice annuel récurrent. Un exercice de préparation à la dissuasion nucléaire" souligne la ministre, qui veut " rassurer la population ". Notons que la socialiste ne souhaite pas trop rentrer dans les détails de l’opération, ne " voulant pas dévoiler à l’agresseur éventuel nos capacités d’action ". Secret-Défense. Mais les Russes sont au courant de la tenue de l’exercice. " Ce n’est pas le signe d’une escalade ".

"Clé de 'Info" du 17 octobre sur les manœuvres de l’OTAN :

La Belgique dans le viseur ?

Mais notre territoire peut-il être la cible d’attaque militaire, notamment sur nos infrastructures critiques (port de Zeebruges, centrales électriques, centres décisionnels…) ? Ludivine Dedonder l’assure : ces sites font l’objet d’une vigilance accrue. Cependant, il n’y a pas d’indication stipulant une quelconque menace pour le moment sur notre territoire belge. Et " y compris Bruxelles, bien évidemment ".

Aide à l’Ukraine

Concernant le conflit en Ukraine, Ludivine Dedonder tient à rappeler la volonté de la Belgique de soutenir Kiev. " Oui, il faut encore aider l’Ukraine. Il faut aider sa population à se défendre ". Sont envoyées des armes, " mais aussi des ambulances, des camions, des équipements de protection " pour un budget de 76 millions (sans compter l’aide humanitaire, précise la ministre de la Défense).

Il faut aider sa population à se défendre

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