Chroniques

Nucléaire : le gouvernement et Engie pour un remake du "Dîner de cons" ?

Philippe Walkowiak

© RTBF

Cette année, le gouvernement fédéral ne respectera pas une tradition : la trêve des confiseurs. Il va même se mettre à table toute la semaine entre Noël et Nouvel An, pour négocier avec Engie la prolongation de deux réacteurs, au moins. Face-à-face en mode partenariat ou bras-de-fer ?

Jeu de dupes

Ce n’est pas seulement le gouvernement actuel mais aussi et surtout tous ceux qui l’ont précédé qui ont placé la Belgique dans une telle situation.

La loi de sortie du nucléaire date de 2003. Les gouvernements successifs ont eu tout le loisir de la mettre en œuvre, voire de l’abroger. Il n’en fut rien. Notre classe politique a préféré consacrer beaucoup plus de temps et… d’énergie à notamment, scinder un arrondissement électoral !

À force de tergiversations, de procrastination et d’une certaine lâcheté, la Belgique se retrouve au pied du mur énergétique et réduite à tenter d’amadouer une multinationale étrangère que le nucléaire n’intéresse plus guère.

Conséquence : le Premier ministre et sa ministre de l’Énergie se retrouvent à la même table avec les dirigeants d’Engie. Qui va contraindre/duper l’autre ?

Passer à la caisse

Une coalition à bout de souffle peut-elle astreindre une puissante multinationale ? Ne déplaise à certains membres de cette coalition, la discussion ne semble d’ailleurs plus porter que sur (éventuellement) deux seuls réacteurs.

Reste à établir la facture. Le monde politique a placé Engie en position de force. Ainsi, les rêves de nationalisation du président du Parti Socialiste sont à la hauteur du désarroi et de l’impuissance de cette classe politique comme sans doute l’illusion du président du Mouvement Réformateur de contraindre la multinationale à faire tourner les sept réacteurs belges, voire la chimère écologiste du tout renouvelable.

Combien le gouvernement fédéral est-il prêt à céder ?

On le sait, il est à la fois question de taxer les surprofits d’Engie (+ 300 millions €) et de plus, à augmenter l’addition pour assumer le coût du démantèlement (+ 3,3 milliards €). Dans ces conditions, la multinationale a beau de jeu de faire la sourde oreille et de menacer même de recours en Justice !

À cette table des négociations, le gouvernement sera-t-il finalement le dindon de la farce ? Réponse sous le gui.

 

@PhWalkowiak

 

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