Chroniques

Nucléaire : le MR contraint de faire retomber la pression

Philippe Walkowiak

© RTBF

Il se passe toujours quelque chose au MR ! Depuis son accession à la présidence du parti (novembre 2019), Georges-Louis Bouchez bouscule les codes et les traditions, crispe autant en interne qu’en externe. Très souvent en dérapage contrôlé, il contribue à garder son parti dans les spotlights de l’actualité politique, fut-ce parfois à ses dépens.

Arme atomique

Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent, se justifiait Edgar Faure. Le Mouvement Réformateur a ainsi vu sa position sur le nucléaire changer radicalement, de la sortie absolue prônée encore par Charles Michel à la prolongation de l’intégralité du parc défendue avec virulence ensuite.

Les présidents changent, les temps également. La sécurité énergétique mérite un véritable débat de fond et en cela, la démarche du MR reste pertinente, mais elle intervient tard, sans doute beaucoup trop tard. On ne manipule pas un réacteur nucléaire comme un simple poêle à charbon. Le positionnement devient dès lors plus politique qu’énergétique et c’est là que l’affrontement devient inévitable. Qui plus est, entre formations alliées.

Georges-Louis Bouchez agace tant ses partenaires de coalition que les autres partis d’opposition (demandez à Bart De Wever…).

Menacer le Premier ministre (libéral !) d’une majorité alternative sur un dossier sensible qu’il cogère de surcroît, revenait à une déclaration de guerre et la chute de gouvernement. Il fallait donc faire baisser la pression.

Loyauté gouvernementale

Les velléités de Marie-Christine Marghem ne sont pas récentes. Sa proposition de loi sur une prolongation de toutes les centrales (à rebrousse-poil de l’accord de gouvernement et des décisions prises au niveau fédéral) a été déposée en septembre. Avec l’aval et le soutien de son président de parti.

Un bras-de-fer s’engageait. Dans le système belge qui sanctuarise les accords gouvernementaux, le MR ne pouvait que le perdre ou provoquer des élections. Ce n’est même pas une question de bien-fondé de la démarche.

La N-VA premier parti d’opposition, s’est bien entendu engouffrée dans la brèche, d’autant que dans la majorité, aucune autre formation ne soutenait la proposition MR. Marche arrière donc. Celle-ci intervient de plus après un très sérieux affrontement entre libéraux et l’arrivée d’Alexia Bertrand au gouvernement fédéral, à l’insu du plein gré de son président de parti.

Dans ces conditions, il devenait dangereux d’ajouter de la pression à une situation potentiellement explosive.

Ce nouvel épisode laissera des traces, aussi bien entre les partenaires actuels et à venir, que dans la confiance du citoyen en sa propre démocratie.

@PhWalkowiak

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