Environ un mois après la rentrée, cette période est aussi celle du retour des baptêmes estudiantins sur les sites universitaires et dans les Hautes écoles. C’est donc le retour sur les campus des activités, des bleusailles, des pennes et des comitards. Or, depuis le mois de septembre, plusieurs de ces activités ont fait la Une des médias.
Les dérapages au cours d’activités folkloriques pendant la période des baptêmes, semblent se répéter régulièrement. Fin septembre, l’UCLouvain avait suspendu les activités de folklore estudiantin après l’hospitalisation de deux jeunes filles. Et ce week-end, c’est l’ULB qui a fait les gros titres. Les activités d’un cercle estudiantin ont été suspendues à la suite d’activités impliquant de la nudité dans des lieux publics.
Ce lundi, les étudiants de l’ULB ont été reçus par le vice-recteur de l’université.
Il ne s’agit pas de dire que tout le folklore estudiantin pose problème. Mais parce que des dérives sont toujours possibles, comme l’ont encore montré les récents événements, est-il suffisamment encadré ?
Charte obligatoire, quels effets ?
Si, de manière générale, les baptêmes se passent bien, il y a quand même parfois des dérives.
Cela passe par des comportements à caractère dégradants, des activités mimant les actes sexuels ou encore dans les cas les plus graves, des activités qui dérapent jusqu’à causer la mort d’étudiants.
C’est le cas du décès de Sanda Dia, un étudiant de 20 ans à la KULeuven, décédé en 2018 pendant son baptême étudiant, après avoir ingéré beaucoup d’alcool et d’huile de poisson et après être resté dans un trou rempli d’eau glacée. On parle de l’affaire "Reuzegom", du nom du cercle étudiant concerné. Un cercle élitiste crée en 1946 connu pour ses bizutages extrêmes, sa culture de la violence. Et selon plusieurs éléments de l’enquête, pour son idéologie raciste et suprémaciste. Sanda Dia n’était que le deuxième étudiant métis à intégrer ce cercle. Une instruction avait été ouverte et les 18 membres du cercle devaient s’exprimer face à la justice. Ils ont été inculpés d’homicide involontaire et de traitements dégradants.
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En 2020, une charte éthique avait été établie entre les cercles étudiants et les universités et les hautes écoles. L’objectif était, notamment, de recadrer les activités du folklore estudiantin. Elle visait à interdire les traitements dégradants attentats à la pudeur, propos racistes, alcool à profusion ou autres chants sexistes.
Le fait est que cette charte est une base minimale que les cercles doivent respecter, sous peine potentielle de se voir supprimer leur agrément académique. Mais chaque universités ou hautes écoles pouvait l’enrichir, la spécifier ou non.
De toute évidence, cette charte seule n’empêche pas certaines dérives. Comme le rappelle le journal Le Soir, cette charte devait être évaluée un an après son application. Or, les activités ayant cessé l’année dernière en raison de la pandémie, l’évaluation n’a pas eu lieu. Du côté du cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, on nous confirme qu'un évaluation a été demandée à la lumière de la reprise des activités estudiantines". Par ailleurs, il a été demandé à l'Ares (académie de recherche et d'enseignement supérieur) de voir comment intégrer à cette charte les questions liées au harcèlement, à la violences sexuelles et le bien-être animal.
Réponses des autorités académiques ?
L’autre rempart pour un encadrement plus poussé des activités folkloriques c’est bien sur les autorités académiques.
Ce sont elles qui peuvent imposer des mesures lorsqu’il y a des actes répréhensibles qui sont commis et/ou imposer un cadre plus strict aux cercles étudiants.
Il s’agissait de trois étudiants. Ce n’étaient pas des bleus contraints à l’exercice de "l’affond aqueduc", mais des comitards. Donc des étudiants plus âgés, déjà baptisés. Jusqu’à ce lundi la nudité n’était pas interdite dans le cadre des activités folkloriques estudiantines. Mais l’ULB a tranché ce lundi midi.
"Les sanctions vont être doubles. La première c’est l’interdiction, dans le cadre de l’activité de baptême, de toutes activités amenant de la nudité. Et la deuxième ce sera des sanctions plus individuelles concernant les comitards impliqués. Ils feront l’objet d’un avertissement. Et si d’autres comportements venaient à se reproduire alors ils seraient susceptibles de passer en commission disciplinaire", a indiqué à notre micro, Ophélie Boffa, responsable du service communication de l’université.
Par ailleurs, en attendant de faire la lumière sur cette affaire, l’université avait suspendu les activités du cercle concerné. Aujourd’hui, ils ne sont pas visés par les sanctions.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, a salué "la réaction rapide et efficace de l'ULB dans le cadre de cette affaire, qui illustrele rôle central pour faire de nos campus des lieux de vie où les débordements n'ont pas leur place". Et d'ajouter "le folklore, qui fait partie intégrante de la vie étudiante, doit se dérouler dans le respect de l'intégrité physique et morale de tous les participants".
Idem il y a quelques semaines à l’UCLouvain où deux jeunes étudiantes s’étaient retrouvées à l’hôpital. L’université avait, dans un premier temps, suspendu les activités des cercles estudiantins sur son campus. Par ailleurs, les autorités académiques ont entamé une enquête en interne.
Fin septembre, l’UCLouvain avait suspendu les activités de folklore estudiantin après l’hospitalisation de deux jeunes filles. Et ce week-end, c’est l’ULB qui a fait les gros titres. Les activités d’un cercle estudiantin ont été suspendues à la suite de dérives à caractère sexuel.