Ce fond de vallée humide est intimement lié à l’histoire de la vie cistercienne à Orval. Dès 1070, Arnould 1er, conte de Chiny fit don à la première communauté monastique d’une terre, vaste futaie de hêtres, préservant la solitude des moines. Les limites de cette terre allodiale (Qui a rapport à un alleu, une terre exempte de droits seigneuriaux au Moyen Âge) seront confirmées en 1132 lorsque Orval devint une abbaye cistercienne et se maintiendront jusqu’en 1793, date de sa destruction.
Les cisterciens utilisent les cours d’eau pour subvenir à leurs besoins. Ils créent des digues avec des étangs poissonneux, disposent des roues à aubes et à partir de 1529 avec l’autorisation de Charles-Quint, développent un complexe sidérurgique aux portes du monastère. L’étang principal des forges est au confluent de trois cours d’eau : à l’ouest Le Williers qui vient de Chameleux et arrose les longues prairies de l’Alfait, aujourd’hui protégées ; La Mouline en aval de l’abbaye ; et le Courwez qui alimentait un aqueduc souterrain. Ces trois ruisseaux donnent naissance à La Marche qui serpente jusqu’à Villers-devant-Orval puis se jette dans la Chiers, formant la limite de la Gaume française.
Par ailleurs, cette partie de la Lorraine recèle du minerai de fer particulièrement la minette dit "minerais de prairie". Avec les taillis de charmes transformés en charbon de bois, toutes les conditions étaient réunies pour favoriser l’activité des forges et ses multiples ateliers du traitement du fer : affinerie, taillanderie, clouterie, platinerie… Au 18e siècle, l’industrie métallurgique de l’abbaye se hissa au tout premier rang du bassin lorrain pour la production des gueuses de fonte.
Au retour des moines en 1926, le fond de vallée servait au troupeau laitier exploité pour la fromagerie de l’Abbaye (Sources Abbaye d’Orval).