Il faut sans doute remonter au tout début des années 90 du siècle dernier pour trouver l’origine du fil des affaires politico-financières qui scande toujours aujourd’hui notre vie politique. Non pas que forcément " c’était mieux avant ", mais c’est effectivement à partir de l’affaire des horodateurs de la ville de Liège que l’on a inauguré ce diptyque révélations dans la presse/scandale politique.
Mauvaises habitudes
À l’époque, pour le bourgmestre socialiste de Liège comme aujourd’hui le président socialiste liégeois du parlement de Wallonie, la première ligne de défense tourne toujours autour d’un " on a toujours fait comme ça ". Une fois de plus ...
Il est vrai que pendant longtemps les partis (tous) se sont financés grâce à l’argent de sociétés qui décrochaient des marchés publics comme l’on constate aujourd’hui que le train de vie des parlementaires, l’impunité et le soutien des politiques dont jouissait le greffier ne datent pas d’hier.
Le laisser-faire se voit érigé en règle de fonctionnement, jusqu’au moment où la presse puis parfois la Justice interviennent avec pour seul résultat, le plus souvent, de vagues promesses sur l’air du " promis, on ne le fera plus ", sans jamais tirer les conclusions ou sévir.
De la Carolo à Nethys/Publifin en passant par le Samu social, seuls des lampistes se voient éventuellement condamnés effectivement ; les autres se voient juste marqués éventuellement d’opprobre.
Indolence fatale
Mais à force de faire passer ces forfaits pour de simples mauvaises habitudes ou des " estompements de la norme ", la classe politique se discrédite dans son entier et sape la démocratie. Dans l’affaire du greffier comme dans celle de corruption en cours de l’ex-ministre Kubla ou dans l’entêtement de Jean-Claude Marcourt, le citoyen y voit beaucoup plus que des cas isolés. Ce citoyen en garde un arrière-goût amer de système sclérosé, d’un entre-soi malsain, d’un microcosme détaché des réalités.
Que pense en effet, ce citoyen effrayé par ses factures d’énergie, de la gabegie que l’on déballe devant lui ?
D’affaires en affaires, de révélations en révélations, la démocratie se perd. La Wallonie n’en a pas l’apanage, comme viennent de le montrer ces sacs de billets distribués à des parlementaires européens. Mais la litanie des affaires sape depuis 30 ans les fondements de notre société.
Cette fois, des changements cosmétiques de règlement d’ordre intérieur ne suffiront pas. Même si, " on a toujours fait comme ça ".