Au sortir d’une saison 2022 chahutée lors de laquelle il a longtemps couru après sa meilleure forme, Julian Alaphilippe aborde cette nouvelle saison l’esprit revanchard et avec l’ambition de faire bien mieux en 2023. Mais ne se met-il pas trop de pression ? On en a discuté dans notre podcast cycliste "On connaît nos Classiques."
"C’est compliqué pour toute l’équipe" avance, d’emblée Cyril Saugrain. "On a l’arrivée de Tim Merlier qui débloque les choses et fait un bien fou. Mais c’est seulement ce week-end que les choses sérieuses et réelles commencent. L’équipe n’est pas à 100% de confiance, mais ce week-end reste un week-end charnière et Alaphilippe ne sera pas là. Mais sans doute qu’il aura envie de briller sur les classiques cette saison. Mais oui ce week-end est un gros rendez-vous pour Soudal Quick-Step et il ne faudra pas passer à côté ou la pression va encore monter d’un cran."
Pour Samuel Grulois, il y a effectivement un malaise Alaphilippe chez Soudal Quick-Step pour l’instant : "Pour moi, il y a de la pression sur l’équipe, certes, mais encore plus sur Julian Alaphilippe. On a senti des tensions avec Patrick Lefevere. J’ai assisté à la présentation de l’équipe et en arrivant, j’ai aperçu Alaphilippe avec un masque. Alors, il y a évidemment eu plein de rumeurs autour du Covid, au final ce n’était apparemment qu’un refroidissement, toujours est-il qu’il s’est retrouvé seul dans un coin, de l’autre côté. Je l’ai senti un peu à l’écart du groupe principal. Je pense qu’il y a vraiment eu un malaise cet hiver. D’ailleurs, ça a été sous-entendu dans les déclarations mais Patrick Lefevere ne serait pas contre un départ d’Alaphilippe. Cela permettrait de libérer un gros salaire pour entourer au mieux Remco Evenepoel. On n’en est pas encore là mais la porte est ouverte. Mais si on dit que Tadej Pogacar sera revanchard, Alaphilippe le sera sûrement aussi. On connaît son talent, maintenant, s’il ne gagne pas très vite, ça peut sentir mauvais."
Rodrigo Beenkens ne partageait pas vraiment l’avis de ses deux comparses. Pour lui l’équipe se porte plutôt bien, au contraire d’Alaphilippe qui cristallise certaines inquiétudes : "Dans les chiffres, il n’y a certainement pas de malaise. Neuf victoires, 22 podiums, personne n’a fait mieux. Maintenant, la question qui se pose c’est autour du cas Alaphilippe. On sait que chez Soudal Quick-Step, il n’y aura jamais de chef de file sur les Classiques flandriennes. Tout le monde peut jouer sa carte. On pense à Asgreen, à Lampaert, à Sénéchal. Il y en a quelques uns. Alaphilippe, on l’a vu dans une forme moyenne à Majorque. Il compte trois jours de course. Seuls Ballerini et Sénéchal ont moins roulé que lui dans tout le noyau professionnel de l’équipe. Il va faire le week-end d’ouverture en France, c’est malin, il y aura sans doute une opposition différente et peut-être la possibilité de faire un bon résultat."
"Il n’a pas choisi la facilité, d’enchaîner le Grand-Prix de l’E3, Waregem et surtout le Tour des Flandres", toujours selon Rodrigo "parce que les trois énormes favoris (Van der Poel, Van Aert et Pogacar) seront présents. Sa dernière victoire remonte à juillet dernier au sommet du Mur de Huy pendant le Tour de Wallonie. Pour un coureur comme ça, ça fait longtemps. Mais pour conclure sur l’équipe, moi je ne m’inquiète pas…"