On s’est fait mal sur Ladeuze. On a joué le sprint avec un vieux coureur sur le Nokereberg. Reconnaissance des deux derniers Monts du mini-Tour des Flandres. A Travers la Flandre, la grande répétition qui ne portait pas ce nom à sa naissance puisqu’elle s’est déjà terminée à Liège !
Elle est née en 1945 entre St-Trond et Waregem. L’année suivante, ce fut une course par étape arrivant à Liège. A Travers la Belgique, Dwars door België, est aujourd’hui devenue une course exclusivement flandrienne. A Travers la Flandre se dispute essentiellement dans les Ardennes flamandes, là où l’E3 et le Ronde se décident également. Ladeuze est une nouvelle côte d’un peu plus d’un kilomètre apparue en 2018. Particulièrement intéressante. Elle se lance en force sur le haut des cuisses, sur la plaque. Et puis Ladeuze se dresse à 15% entre les arbres et fait mal. Pendant 300 mètres, c’est vraiment très intense. Après, c’est encore pire si tu es lâché. Il reste un petit kilomètre de faux plat montant qui demande énormément de force pour espérer rester dans les roues d’un Tiesj Benoot par exemple. On se souvient que c’est ici qu’il avait tout fait exploser.
Reconnaître les Classiques, c’est aussi faire des rencontres impromptues. Comme ce vieux cycliste de 85 ans qui a remplacé le casque par un bonnet siglé "Flandrien". Je crois même qu’il n’a jamais acheté de casque ! Il doit avoir le crâne solide. Et il est fier de sa région et de sa carrière de cyclotouriste. " Il y a 30 ans que je roule ici. Et ouvrez bien vos oreilles, j’ai parcouru 313.000 kilomètres !" Un vrai gamin !
Le Nokereberg, c’est le suivant. C’est le dernier avant l’arrivée. Il s’aborde à 50 km/h en descente en rentrant sur les petits pavés en très bon état du village pittoresque de Nokere. Tout le monde reste sur le grand plateau et il se grimpe plus qu’il ne s’escalade entre 30 et 40 km/h. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi on l’appelait "Berg"? Je me suis aussi demandé où se trouvaient les 7% de déclivité maximale ? Un truc de costauds comme Mathieu van der Poel qui écœure ses derniers adversaires là-bas.
C’est alors que j’ai rencontré ce vieux monsieur avec son petit chapeau, son petit manteau et son vieux vélo. J’écris chapeau, mais c’est plutôt un bonnet comme l’autre vieux brisquard du coin que j’ai rencontré en début de reconnaissance. Ils ont dû se croiser un jour ces deux-là ! Je redescends le Nokereberg pour venir retrouver mon caméraman lorsque je le croise. Le temps de faire demi-tour, je reviens gentiment dans sa roue. Il connaît l’endroit par cœur. La preuve, il roule dans la rigole comme les pros ! C’est à ce moment que la situation devient vraiment intéressante. Il accélère le bougre ! Il roule de plus en plus vite sur son vélo qui fait "cui cui". Il sait que là-haut se trouve encore la ligne blanche qui symbolise l’arrivée de la Nokere Koerse disputée 15 jours auparavant. Et lorsqu’il la franchit, il lève la main en signe de victoire. Sacré Flandrien !