Les Classiques

On reconnaît nos Classiques – Episode 6 : Paris-Roubaix, le vélodrome et les secteurs pavés mythiques !

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Par Gérald Wery

"Trouée d’Arenberg ? On la surnomme le broyeur, et bien franchement je comprends pourquoi !" On a reconnu la reine des Classiques. Un truc de dingues ! "Carrefour de l’Arbre ? Qu’est-ce qu’ils sont en mauvais état ces pavés !" Alors, pour se donner du courage, on a choisi un maillot mythique !

Porter le maillot mythique du recordman de l’épreuve Roger De Vlaeminck (avec Tom Boonen) dans la Trouée d’Arenberg, un rêve de gosse !

Des obus qui vous percutent à chaque coup de pédale !

Roger De Vlaeminck est le recordman (1972, 74, 75 et 77) avec Tom Boonen (2005, 08, 09, 12) : 4 victoires. On le surnomme Monsieur Paris-Roubaix ! Porter la réplique de son célèbre maillot aux couleurs de chewing-gum américain, ça vous colle à la peau et ça vous donne des ailes ! Et j’en ai bien besoin en abordant cette trouée mythique d’Arenberg à travers la forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers, longue de 2400 m. On l’appelle aussi la drève des Boules d’Hérin.

Et ses pavés ne sont pas des boules, mais des obus qui vous percutent à chaque coup de pédale ! Ils sont irréguliers, dégradés et parfois fortement écartés. Je ressens encore leurs vibrations à travers mon guidon. A la vitesse à laquelle ils se pédalent, entre 40 et 50 km/h (faux plat descendant), la moindre faute est fatale ! C’est un casse vélo, un truc à vous faire des plats dans les jantes.

La Trouée d’Arenberg est apparue dans Paris-Roubaix en 1968 et le premier coureur à l’avoir affrontée en course, c’est Roger Pingeon qui s’était échappé. Mais c’est le roi Eddy qui s’imposera. La première de ses 3 victoires (68-70-73).

Qu’est-ce que ça glisse !

Je rentre dans le secteur 5 étoiles (lui aussi) du Carrefour de l’Arbre et je me fais cette réflexion. "Je n’ose imaginer rouler ici après plus de 200 kms, avec l’excitation de la course, comment ça doit être dangereux !" Qu’est-ce que ça glisse ! Le secteur est long de 2100 m et se divise en deux parties. Les premiers 1200 m sont sinueux et relativement plats. Les virages sont bombés et compliqués à négocier en mode "trajectoire idéale". C’est justement là que les pavés sont les plus agressifs et t’imposent leur loi. S’il ne pleut pas, il y a heureusement moyen d’utiliser les bas-côtés en terre.

Après ces premiers 1200 m, virage à 90 degrés à gauche et changement de profil. Il reste 1 km en faux plat montant vers le Carrefour de l’Arbre. C’est ici qu’on peut faire mal à ses adversaires à la pédale.

Moment unique et mythique!
Moment unique et mythique! © Tous droits réservés

Qu’est-ce que ça penche !

L’arrivée sur le vélodrome de Roubaix est émouvante. Elle devient déroutante dès le premier virage relevé. "Qu’est-ce que ça penche !" Il faut absolument prendre de la vitesse sous peine de chuter !

Par ailleurs, le vélodrome est très exposé aux vents. Durant notre reconnaissance, la différence d’exposition entre les deux lignes droites était radicale. Le côté qui mène vers la ligne d’arrivée était un vrai défi contre le vent.

La visite d'un musée en pavés!

C’est à ce moment que je retrouve le vice-président des "Amis de Paris-Roubaix", Jean Guy Sapin. Un frontalier belge passionné par cette course née en 1896. Il m’emmène dans le petit musée qu’ils ont créé dans un bâtiment juste en face du vélodrome. C'est carrément la visite d'un musée en pavés! Ils ont recréé une vraie route en pavés au coeur du musée. Atmosphère ! Jean Guy me montre un vélo du début du siècle dernier équipé de roues en bois. "Celui-ci, c’est le vélo de Pino Cerami, m’explique-t-il, vainqueur en 1960. Il est dans son jus avec la guidoline d’origine !"

Il m’invite ensuite à soulever le trophée offert par les "Amis de Paris-Roubaix" et qui sera remis au vainqueur 2023. Un véritable pavé posé sur un socle. "Il pèse 15 kilos !" Le soulever, c’est la dernière épreuve que doit affronter le vainqueur avant d’aller prendre sa douche !

Les douches classées au patrimoine mondial

"Je vais vous montrer les douches qui sont dans le bâtiment juste à côté, m’invite M. Sapin. Elles sont classées au patrimoine mondial et, lorsqu’elles ont été construites dans les années 1920, ce n’était pas pour les coureurs mais pour les enfants tuberculeux qui venaient ici en stage de sport." Les coureurs l'utiliseront à partir de 1943.

Il m’ouvre la porte et j’ai la même sensation que celle de rentrer dans un lieu mystique. Chaque "cabine" ouverte en béton est frappée d’une plaque en letton au nom d’un coureur de légende. Je cherche bien sûr celle de Roger De Vlaeminck pour y faire honneur avec mon maillot de légende.

"Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de coureurs qui y viennent après la course, regrette M. Sapin. Ils prennent leur douche dans les bus sauf peut-être les coureurs de Marc Madiot qui les oblige à venir honorer la tradition !"

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