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"On s’en fout qu’il soit noir, jaune ou quoi" : le racisme au travers des yeux de nos enfants

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C’est souvent de la bouche des enfants que sort la vérité. C’est avec cet état d’esprit en tête que nous nous lançons, en fin d’année 2022, dans un grand projet en collaboration avec le Panathlon et la Fédération Wallonie Bruxelles. Pour nous, l’objectif est clair, sensibiliser au racisme au travers de vidéos. Pour ce faire, on décide de sillonner le pays pour interroger des enfants venus de tous les horizons.


La première étape de notre périple à travers toute la Wallonie nous mène à Namur, au Royal Rugby Club. Là-bas, les enfants ont entre 7 et 11 ans. L’ambiance est détendue, le beau temps aide sans doute. "Vous venez pour quoi ? Pour nous filmer ?" nous demande un des jeunes, grand sourire aux lèvres. "J’aime bien être filmé" ajoute-t-il malicieusement avant de filer se dégourdir les jambes.

Caméra installée, les enfants se pressent en rang d’oignon les uns derrière les autres dans un brouhaha général. Tous veulent participer à l’interview. Mais peu savent finalement de quoi on va parler.

"De racisme." Certains haussent les sourcils, d’autres hochent la tête fièrement comme pour montrer qu’ils maîtrisent leur sujet. 3 minutes par enfant. Le même questionnaire pour tout le monde. Au début, la caméra impressionne. Les réponses sont brèves, indécises, les sourires gênés. Mais au fil des questions, tous se dérident.

"Sais-tu ce que c’est le racisme ? L’as-tu déjà vécu ? Tu réagirais comment si tu étais témoin ou victime de racisme ? Comment pourrait-on combattre le racisme ?"

Disons le franchement, au moment de poser les bases de ce questionnaire avec les enfants, on ne savait pas vraiment vers où on allait. On ne savait pas si à huit, neuf, douze ou quatorze ans, on a vraiment conscience de ce qu’est le racisme.

Mais avec le recul, on se dit que si eux ont sans doute appris des choses ce jour-là, nous aussi. L’humilité de se dire qu’un enfant sait parfois plus de choses qu’on ne le pense. Ou de se dire que, souvent, ce sont eux qui montrent l’exemple. "Le racisme, c’est le fait de ne pas aimer quelqu’un à cause de sa couleur de peau" analyse de façon très posée, Brieuc, 11 ansLouca, 10 ans, fait lui plus dans l’imagé : "On s’en fout qu’il soit noir ou jaune ou quoi, ce qui compte c’est qu’il soit gentil" nous confie-t-il.

Des interviews comme celles-là, on en fera environ 80 en trois mois. Dans 12 clubs de sports différents éparpillés dans toute la Wallonie. Rugby, Ping-Pong, Volley, Hand-Ball, Foot, Natation, Basket, Athlétisme, Judo, on tentera de brasser le plus large possible pour avoir l’échantillon le plus large possible.

Moins de racisme chez les jeunes ?

"On s’en fout qu’il soit noir, jaune ou quoi" : la perception du racisme par les enfants
"On s’en fout qu’il soit noir, jaune ou quoi" : la perception du racisme par les enfants © RTBF

Sur les 80 enfants interviewés, qui avaient entre 8 et 15 ans, seuls 2 nous confieront avoir déjà été victime ou témoin de racisme. Pour Antoine, 8 ans, c’était à l’école : "J’avais cette couleur de peu un peu brune. Tous les autres de ma classe étaient blonds. Je me suis fait exclure. J’étais seul dans un banc. Je n’avais pas d’amis. Je restais dans un coin à lire des livres. Je l’ai très mal vécu" nous confie, avec beaucoup de courage, le jeune footballeur.

Yanis, rugbyman de 8 ans, a lui assisté à un acte de racisme envers l’un de ses amis : "J’étais en train de jouer avec mon copain Noé qui a la peau brune. Il y avait des gens qui étaient racistes de Noé (sic), qui ont dit que je pouvais jouer mais pas Noé parce qu’ils ne voulaient pas de personne noire dans leur équipe. J’étais triste pour lui."

Ces deux cas sont donc les seuls que nous avons notés lors de nos interviews. Alors, y a-t-il moins de racisme chez les jeunes ? Sans doute pas. Certains ont peut-être eu peur d’en parler. D’autres ne s’en rendent peut-être pas encore compte que, ce qu’ils vivent ou ce à quoi ils assistent, c’est du racisme.

Une chose est sûre, tous semblent être conscients que s’ils y étaient confrontés, il faudrait agir. "Je devrais aller le dire au coach" analyse Brieuc. "Je me fâcherais sur la personne qui est raciste alors que l’autre n’a rien fait" renchérit Théo, 14 ans. Antoine, qui a déjà vécu du racisme, viendrait lui directement en aide à la personne : "J’essaierais de l’aider un maximum. Parce que si moi je l’ai vécu, je n’ai pas envie que d’autres le vivent."

En tête d’article, vous retrouverez la 1e d’une série de vidéos que nous avons réalisées grâce à ces interviews. Une vingtaine d’enfants y figure. Tous ont des choses à raconter. Tous font preuve d’une impressionnante maturité et lucidité pour leur âge. Tous ont l’air conscients que le racisme peut faire mal et qu’il faut le combattre tous ensemble. Alors, répétons-le une nouvelle fois : Non, au racisme.

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