Only In America : Le Banjo

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Par Beverly Jo Scott via

Beaucoup pensent que le banjo est principalement associé à la culture "hillbilly" des Appalaches et au renouveau folklorique du nord-est des États-Unis. Il peut être surprenant de découvrir que le banjo, l’instrument de montagne proverbial de l’homme blanc, a été développé il y a des siècles par des Africains réduits en esclavage dans les colonies d’Amérique du Nord et des Caraïbes.

Les instruments à calebasse fabriqués à la main qui deviendront le banjo moderne sont originaires d’Afrique de l’Ouest. Les esclaves africains ont transporté le "banjar" et sa musique en Amérique du Nord en passant par les Caraïbes. Les premiers banjos étaient joués exclusivement par les esclaves, au moins deux cents ans avant que les Blancs n’envisagent de mettre la main sur ce qui était, pour la culture esclavagiste, un instrument "primitif".

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Au début du XIXe siècle, cette perception négative a commencé à changer et, au milieu du siècle, les musiciens blancs avaient adopté le banjo dans les spectacles de ménestrels, le catapultant dans la production de masse dans la dernière moitié du siècle. Aujourd’hui, le banjo est surtout connu pour son rôle dans la musique bluegrass, occultant son origine historique et sa place de choix en tant que contribution afro-américaine à la musique américaine.

En bref, nous devons la présence moderne du banjo en Amérique aux Africains qui ont été amenés la contre leur gré. En relativement peu de temps, les corps de banjo en calebasse, ou résonateurs, qui étaient si courants en Afrique de l’Ouest, furent remplacés par des gourdes calebasses en forme d’ovale, qui poussaient en abondance dans le Nouveau Monde. De même, en l’absence de poils de chameau ou d’éléphant pour les cordes, les fabricants de banjo du Nouveau Monde – c’est-à-dire, pendant des centaines d’années, des personnes réduites en esclavage – se sont tournés vers le crin de cheval ou des plantes dures et filandreuses comme la vigne. Les matières premières musicales étant aussi répandues dans le Nouveau Monde qu’elles l’étaient en Afrique de l’Ouest, les plantations des Amériques ne tardèrent pas à vibrer aux sons de l’ancien pays des Esclaves.

Mumford & Sons
Mumford & Sons © Jim Bennett – Getty Images

Aujourd’hui, le banjo fait un retour en force sur la nouvelle scène folk et Americana pop. Mumford and Sons, The Lumineers, The Avett Brothers… Bien sûr, le banjo reste emblématique de la blue grass et de la musique country. Mais depuis peu, les Américains d’origine africaine veulent récupérer et corriger l’image et les origines de ce qui est considéré comme le premier instrument de l’Amérique. Et pour juste cause !

Rhiannon Giddens

Rhiannon Giddens, ex-The Carolina Chocolate Drops, a formé un groupe où les quatre chanteuses jouaient du banjo. D’origines diverses ces quatre femmes ont en commun une histoire ancestrale vis-à-vis de cet instrument. Le projet s’appelle ‘Songs Of Our Native Daughters’ (Rhiannon Giddens, Amythist Kiah, Leyla McCalla, Allison Russell) . Subventionné par le Musée de l’Histoire Américaine ‘Smithsonian Institute’, le super groupe a enregistré une CD et un documentaire qui aborde les questions historiques américaines qui ont influencé l’identité des femmes noires, notamment l’esclavage, le racisme et le sexisme. Et notablement, les contributions qui portent sur le rôle historique du banjo en tant que premier instrument "véritablement américain".

Dans ‘Black Myself’Amythist Kiah parle des stigmas que portent des Blacks aux Etats-Unis et l’importance de récupérer une place culturelle pleinement reconnue dans son histoire.

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