Comment éliminer les tensions qui existent au sein du groupe des Diables rouges et permettre à notre équipe nationale de retrouver le niveau et la cohésion qui étaient les siens ? C’est la question que tout le monde se pose au lendemain de la défaite de la Belgique face au Maroc et à trois jours du match couperet face à la Croatie, jeudi. Pour le coach du 400m Jacques Borlée ainsi que pour nos consultants Frédéric Waseige et Alexandre Teklak, la solution passe avant tout par une confrontation en privé, entre les quatre murs du vestiaire.
Jacques Borlée : "Si les Diables ne se disent pas les choses en face, ils ne mouilleront pas le maillot contre les Croates"
"Le Mondial, c’est une aventure humaine donc il faut se préoccuper de l’humain. Jusqu’à présent le coach avait fait, selon moi, un travail remarquable mais là il est un peu en perdition", constate Jacques Borlée, interrogé par David Bertrand.
"Il faut absolument échanger pour retrouver une tranquillité. Il faut absolument que les joueurs se parlent, qu’ils osent se dire toutes les choses en face. S’ils arrivent à tout se dire, et donc il va y avoir de l’humiliation, alors ils peuvent espérer faire quelque chose jeudi. S’il y a encore des restrictions, ils vont jouer sans mouiller le maillot et ce ne sera pas possible", ajoute-t-il.
Parfois, il faut régler les choses entre joueurs, sans l’entraîneur
La solution proposée par le gourou belge du tour de piste a également été défendue par Alexandre Teklak dans l’émission Le Débrief.
"C’est un problème qui doit se régler dans le sanctuaire du vestiaire. Parfois il faut régler les choses entre joueurs. Lors de ma carrière, j’ai déjà assisté à des scènes comme celles-ci : des vestiaires qui se fermaient avec l’entraîneur qui restait dehors et les choses qui se réglaient entre nous. Aplanir les choses qu’on a sur le cœur par rapport à ses équipiers, c’est parfois la meilleure chose à faire", estime Teklak.
"J’ai vécu ces fameuses réunions de crise dont Alex parle", enchaîne Frédéric Waseige. "Si vous avez un entraîneur qui a l’intelligence de faire cela, de vous laisser régler les choses les yeux dans les yeux, vous ressortez de là avec une telle énergie. Quand on ressort de là, on se dit qu’on va 'tout péter', tous ensemble. C’est le genre de choses qui ressoudent un groupe."
Vider son sac pour se relâcher, indispensable pour la performance de haut niveau
Jacques Borlée l’affirme également : Roberto Martinez doit être partie prenante du processus, quitte à s’exposer.
"Il faut des apartés entre quatre yeux (donc pas forcément en présence de toute l’équipe, ndlr). Il faut une discussion entre les personnes chez qui il y a des tensions extrêmes. Il faut être prêt à accepter l’humiliation et cela vaut aussi pour le coach. Il doit être capable d’entendre des réprimandes qui viennent des joueurs. Parfois même avec mes fils, c’est très dur ce que je dois entendre mais c’est pour le bien de l’équipe, pour faire en sorte que les joueurs soient libérés. Le cas échéant, ils pourront battre la Croatie, c’est clair", assure Borlée.
Le coach du 4x400m masculin est convaincu que ce genre d’initiative pourra être déterminante en termes de rendement sur le terrain. "Vider son sac va faire en sorte que les joueurs puissent se relâcher. La performance à haut niveau, c’est quand vous voyez l’athlète qui se relâche. De ce relâchement, on peut en tirer quelque chose de grandiose. Il y a énormément de talent. De Bruyne a un talent inouï et quand on voit le nombre de pertes de balles, on se rend compte qu’il est sous stress."
"Avant le match contre la Croatie, ce sera plus du dialogue que de l’entraînement. Martinez doit faire en sorte de libérer l’humain pour que l’équipe soit prête à donner le maximum", conseille-t-il encore.
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Discussion ou pas, les supporters belges s’attendent à une réaction, à une révolte face à la Croatie. C’est ce que martèle un Alexandre Teklak encore déçu par ce qu’il a vu dimanche.
"La balle est dans leur camp. Je vais peut-être utiliser un mot fort mais ils nous ont "un peu trahis" sur leur attitude. La balle est dans le camp des joueurs et du staff, ils doivent faire valoir leur orgueil par rapport à nous. Ce n’est pas nous les supporters qui les avons lâchés dimanche, c’est l’inverse. Là où le peuple marocain peut être fier de son équipe, nous, on peut l’être moins. Cela m’a touché, j’étais blessé en voyant cela. J’ai regardé le match comme un supporter, pas comme un consultant. Je m’en fous du résultat contre la Croatie, je veux qu’on en sorte avec panache, on se disant 'Ok, on est fier'. Il faut y croire mais ça doit venir des joueurs", a conclu Teklak.