Axel Kahn a beaucoup travaillé sur les mécanismes du vieillissement, un sujet qui l’a toujours fasciné.
"Soigner jusqu’au bout, c’est soigner jusqu’à ce que cela vaille la peine pour rétablir chez la personne une vie autonome qui lui permette de se réjouir ou si elle est inconsciente, pour calmer ses souffrances. Mais lorsque les soins n’ont plus la capacité de rétablir un état de vie dont la personne puisse se réjouir, alors ils sont sans objet et l’on est dans la situation d’un acharnement déraisonnable. Cela est d’ailleurs considéré comme tel, y compris par les Eglises, par les religions."
A propos de la question de la fin de vie, "on a oublié trop souvent que la liberté, c’est la liberté d’un choix lorsqu’il y en a plusieurs possibles, mais que c’est aussi la liberté de changer d’avis. Les deux éléments sont de manière indissociable des constituants de l’idée de liberté. La plupart des fois, quand une personne veut mourir, c’est que soit la souffrance intellectuelle, soit sa construction intellectuelle, soit la souffrance physique, soit la peur de la déchéance, ne lui montre pas ce qu’elle pourrait désirer vouloir faire d’autre, il n’y a pas d’issue. Choisir le seul choix que l’on a, ce n’est pas un choix, c’est une contrainte en réalité."
Axel Kahn aurait aimé pouvoir proposer d’autres choix à son père qui s’est suicidé, l’aider à reconsidérer tous les éléments de la situation. "J’aurais tenté de lui présenter un autre choix. Il aurait pu alors le considérer ou ne pas le considérer et persister dans son choix premier. Mais en tout cas, on aurait rétabli les conditions d’une liberté."
Il a participé à l’élaboration des textes de loi sur la fin de vie en France. Le débat sur l’euthanasie n’y aboutit pas, parce qu’il persiste des socles d’opposition extrêmement importants. "Mais la question est de savoir si la légitimité de la conception individuelle de cette volonté de maîtriser de sa vie jusqu’à décider du moment de sa mort, imposait à l’Etat l’obligation de mettre en oeuvre des moyens qui permettent à cette personne de parvenir à ses fins."
Pour sa part, il considère que ces lois qui permettent de mettre en anesthésie générale une personne qui en a vraiment assez de lutter sont de bonnes lois et qu’elles sont suffisantes. mais l’évolution de la société fait que la France adoptera, comme la Belgique ou les Pays-Bas ou d’autres pays, une loi sur l’euthanasie, c’est-à-dire l’acceptation de la mise en oeuvre d’une action médicale dont le but est d’arrêter la vie.