Cet article renvoie au Journal de l’Afrique diffusé le 9 juin 2022, sur La Première, dans 'Au bout du Jour'.
C’est le premier roi des Belges à condamner le régime colonial. Dans son discours prononcé mercredi à Kinshasa, le roi Philippe a réaffirmé ses plus "profonds regrets" pour les "blessures du passé", évoquant le régime colonial belge, basé sur "l’exploitation et la domination", "les discriminations et le racisme". Pas d’excuses. Mais le débat sur d'éventuelles réparations a déjà commencé à la Chambre, en séance plénière et bientôt en Commission.
Depuis la remise du rapport des experts en octobre, la Commission parlementaire chargée d’examiner le "passé colonial de la Belgique" organise tous les lundis des auditions de témoins et d’experts, notamment des historiens. Plus précisément, cette Commission est chargée d’examiner l’Etat indépendant du Congo (1885-1908) et le passé colonial de la Belgique au Congo (1908-1960), ses conséquences et les suites qu’il convient d’y réserver.
Tous les partis sont impliqués dans la réflexion. Qu’est-ce qui fait consensus et quels sont les points divergents ?
Les actes de violences et de cruauté sont-ils reconnus par tous ? Les réparations doivent-elles engager un processus judiciaire, voire des indemnisations financières ? Quid du projet de loi sur la restitution des œuvres ? Et le projet de loi qui facilite l’accès aux archives pour les métisses ? Faut-il proposer une loi qui impose une levée automatique de la classification après 50 ou 60 ans ?
Autant de sujets sensibles à une époque où les opinions peuvent être influencées par une pensée décoloniale radicale, qui conduit à une lecture "racialiste" de la société, où tout est occasion de dénoncer les "Blancs" et où la déconstruction systématique cherche à faire disparaître le passé. "Êtes-vous wokistes ?", a demandé un brin provocateur, Christophe Lacroix, député fédéral (PS), lors d’une audition d’experts, comme pour prouver à ses adversaires politiques que la Commission n’avait pas affaire à des radicaux.
Nous avons interrogé deux députés fédéraux, membres de la Commission. Christophe Lacroix (PS) et Nathalie Gilson (MR).