Belgique

"Où sont les détecteurs de CO2 dans les écoles" s’interroge Leïla Belkhir, infectiologue à Saint-Luc

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Par Hugues Angot

Plus de contaminations et plus d’admissions dans les hôpitaux  : la hausse des chiffres de l’épidémie de coronavirus en Belgique annoncée la semaine dernière, est en train de s’emballer. Alors qu’on tournait depuis plusieurs semaines autour d’une moyenne de 2000 cas par jour, on est rapidement passé à une moyenne de 3000 contaminations quotidiennes. Alors faut-il s’inquiéter de la situation ? Doit-on craindre une quatrième vague cet hiver ? QR l’actu fait le point avec Leïla Belkhir, infectiologue aux cliniques universitaires Saint-Luc et Yves Coppieters, épidémiologiste à l’ULB.

Comment expliquer ces chiffres à la hausse ?

Pour Yves Coppieters, ces 3000 cas détectés par jour, ce n’est pas forcément de nature à être inquiétant mais il faut être vigilant : "On a repris nos activités de manière très importante et parallèlement, on constate une stagnation de la vaccination. Les vaccinés contribuent également à la circulation du virus même si c’est dans une proportion plus faible que les non-vaccinés. Et puis, on teste également beaucoup plus notamment aussi avec le Covid Safe Ticket. On détecte donc beaucoup de cas et c’est proportionnel à la circulation du virus qui est très importante puisque le taux de reproduction est malheureusement de nouveau supérieur à 1".

Il ne faut pas être alarmiste estime l’infectiologue Leïla Belkhir : "La vaccination fait en tout cas son effet puisqu’en termes d’hospitalisation, nous ne sommes pas du tout dans la même configuration qu’il y a un an. Il y a effectivement une reprise des contaminations mais elle ne se traduit pas de la même manière dans les hospitalisations. La vaccination protège bien contre les formes sévères. Par contre, l’hiver arrive, il ne faut pas complètement relâcher les gestes barrières comme cela a été fait en Flandre".

Quid des écoles ?

Le taux de positivité dans les écoles est très important puisqu’il est supérieur à 10% explique l’épidémiologiste. Le virus est donc très présent dans les écoles. "Il ne faut pas s’inquiéter à mon sens pour les jeunes. D’ailleurs, la plupart de ces jeunes sont asymptomatiques. Mais on doit s’assurer que l’on maîtrise la circulation du virus au sein des établissements scolaires. Il est normal de tester mais les procédures pour les écoles sont très lourdes en termes de logistique. Il faudrait peut-être voir comment alléger ce suivi dans les écoles". C’est d’ailleurs ce que plaide Bénédicte Linard, la ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles : "Il est temps de relâcher la pression insupportable sur les écoles, les enfants et les ados, que ce soit en matière de testing ou de quarantaine pour cause de suspicion de covid".


►►► À lire aussi : Un tiers des personnes en soins intensifs sont âgées et vaccinées mais pas de 4e vague en vue, selon Yves Van Laethem


Pour Leïla Belkhir, il faut certainement améliorer certains points dans les écoles dont l’aération, la ventilation : "C’est l’hiver, on est à présent plus à l’intérieur et je n’ai pas vu de détecteur de CO2 dans les classes. Si l’on veut contrôler l’épidémie, je plaide pour que ce type d’outils soient installés. On sait comment le virus se transmet, nous n’avons plus d’excuse".

Quatrième vague ?

Nous sommes dans une bonne situation c’est-à-dire une situation bien mieux maîtrisée, estime Yves Coppieters. "Si on regarde tous les indicateurs, les chiffres sont plus faibles de près de la moitié par rapport à l’année dernière que ce soit en termes d’hospitalisations, de contaminations ou en termes de personnes en soins intensifs. On ne doit pas s’attendre à une 4e vague par contre notre nombre de lits en soins intensifs, c’est quelque chose d’assez fragile et donc il faut rester vigilant".

Et les traitements ?

Il y a des milliers d’études sur les traitements explique Leïla Belkhir. "Il y a un site sur lequel on doit enregistrer toutes les études cliniques (clinicaltrials.gov). Sur les traitements, il y a près de 4000 études en cours mais je voudrais rappeler que le covid est un virus et qu’on ne trouve pas facilement de traitement contre les virus. Maintenant, on prend tout de même mieux en charge les personnes qui ne répondent pas à la vaccination ou qui sont immunodéprimés avec les anticorps monoclonaux. On avance donc sur les traitements mais il faut du temps".

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