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Oubliez le Tour de France, suivez le "von der Leyen tour" à travers toute l’Europe

© AFP or licensors

C’est aujourd’hui la 13e étape du tour de France. Entre Nîmes et Carcassonne. Un parcours de 219,9 km. Assez plat paraît-il. Mais ce n’est pas le seul tour qui se déroule cet été. Le Von der Tour. C’est aussi une course à étape. 27 étapes. Un arrêt dans chaque Etat membre. Il a commencé à Lisbonne le 16 juin, il est passé par Bruxelles, le 23 juin, avant-hier il était à Zagreb, hier à Nicosie… Mais ce n’est pas du vélo dont il s’agit et surtout il n’y a qu’une seule sprinteuse en course. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

 


Quel est le but de ce "von der Leyen Tour" ?


L’Union européenne a mis sur pied l’année dernière un plan de relance version XXL. 750 milliards d’euro pour rebooster l’économie européenne. Chaque Etat membre aura droit à une partie du pactole.

Pour cela ils ont dû remettre leur copie à la Commission en détaillant ce qu’il comptait faire de cet argent et depuis 3 semaines maintenant Ursula von der Leyen a pris son bâton de pèlerin et se rend dans chaque capitale pour annoncer la bonne nouvelle : "Alleluïa la Commission a donné son feu vert, Alleluïa vous allez bientôt recevoir votre argent. "
Bref, ce Von der Tour, c’est une façon de rendre l’Europe enfin visible auprès des citoyens. Une façon aussi pour la présidente de la Commission de montrer qu’elle existe. Pas question de canapé cette fois-ci, c’est elle qui à chaque fois est au premier plan sur la photo…


Juste un gros coup de com' ?


Pas seulement parce que ce plan de relance, il ne faut pas l’oublier, est une véritable révolution.


Sur la forme d’abord. Ces 750 milliards d’euros devraient donner une nouvelle direction à l’économie européenne. Plus verte. Plus numérique. Ensuite sur le fond. C’est la première fois que les 27 s’endettent ensemble sur un montant aussi important pour financer ce plan de relance. Ça veut dire que les Etats membres se portent garants de subsides ou de prêts accordés à d’autres Etats membres. Et les investisseurs suivent. Ils se sont arraché les deux premières émissions d’obligations lancées sur les marchés. C’est le signe qu’ils ont confiance en la méthode. C’est aussi le signe que l’argent va bientôt arriver dans les capitales. Ça vaut bien un petit peu de promotion.

 

La Hongrie, la montagne du tour


C’est vrai que les premières étapes se sont déroulées sans accroc, mais c’était du plat, mais les premières difficultés sont déjà en vue. A commencer par l’étape hongroise. Une montagne. Elle était prévue cette semaine. Elle a été reportée à plus tard. Officiellement parce que le plan hongrois n’en fait pas assez pour prévenir les risques de corruption. Budapest doit revoir sa copie. Et entre nous, cela doit bien arranger Ursula von der Leyen qui cette semaine encore expliquait devant le Parlement européen que la loi hongroise qui assimile homosexualité et pornographie est une honte. Ça n’a a priori rien à voir avec le plan de relance hongrois mais le ton avec Budapest s’est durci ces derniers jours et on comprend qu’elle n’ait pas trop envie de s’afficher aux cotés du premier ministre hongrois, Victor Orban, pour lui tendre un chèque de 7 milliards d’euro.


La Pologne, la Suède, la Finlande, la Roumanie, les autres étapes délicates


Il y aura aussi les étapes polonaise, suédoise, finlandaise ou roumaine qui ont toutes été reportées à la fin de l’été. Des reports techniques nous dit-on. Ces Etats membres doivent encore apporter quelques précisions sur leur plan. Et puis il y aura aussi les étapes néerlandaise, maltaise ou bulgare qui elles ne sont toujours pas inscrites au calendrier, parce que ces Etats membres n’ont pas encore remis leur copie à la Commission
Enfin dernier obstacle, la dernière ligne droite celle où se jugera vraiment l’arrivée finale du von der Tour, c’est la mise en œuvre de ces plans. Vous savez 750 milliards d’euro, ça attise la gourmandise. Il faudra démontrer que cet argent aura été dépensé à bon escient, sans finir dans la poche de profiteur en tout genre et puis surtout qu’il y aura des résultats à la clé. C’est la condition pour qu’Ursula von der Leyen monte sur le podium.
 

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