Fort de quelques EPs qui ont forgé la réputation qu’il a aujourd’hui – à savoir l’un des meilleurs duos de musique électronique au Royaume-Uni – Overmono a enfin passé le cap de l’album avec Good Lies, un long format mordant qui a tout pour faire passer les frères Russell au rang de têtes de gondole d’une scène électronique anglo-saxonne, dans la lignée d’artistes comme Bicep. Retour sur un album qui ne manque pas de chien.
Un peu plus de six mois après l’excellent EP Cash Romantic, juste après l’explosive collaboration Blind Date avec Joy Orbison et ABRA, Overmono revenait sur le devant de la scène avec Walk Thru Water, une balade rappelant l’esthétique d’artistes comme Frank Ocean ou James Blake et qui annonçait directement un album nuancé. Le single sera vite rejoint par Is U, davantage marqué par le côté two step qui leur est cher et agrémenté d’un sample du morceau Gladly, de Tirzah. Ajoutez à cela leur tube So U Kno, sorti en 2021, et la promo de l’album était lancée, donnant l’eau à la bouche à quiconque développe une affinité pour le style musical.
Overduo
Depuis 2016 (et même avant, en solo, sous l’alias Tessela pour l’un, Truss pour l’autre), Ed et Tom Russell ont construit un univers sonore caractéristique, avec une patte indéniablement anglaise dans le style. Il y a du broken beat, du sample, un peu de techno et surtout un ADN marqué par la culture underground UK. Et si leur trilogie Arla, ainsi que leurs nombreux singles ou remix empruntent strictement ce chemin, force est de constater cependant que leur son a muté à travers les années vers une dimension plus globale. Le disque Everything U Need, en 2020, l’annonçait déjà. Cash Romantic le confirmait deux ans plus tard. Et Good Lies maintient le même cap : à la manière du doberman qu’ils utilisent comme symbole depuis quelques années et qui se tient debout grâce à ses quatre pattes, l’album repose sur un quatuor de singles efficaces taillés pour une large audience que sont So U Kno, Is U, Walk Thru Water et Good Lies, la piste titre de l’album.
Good Lies vient donc éloigner les frangins d’Overmono des warehouses et autres lieux de culture underground pour les rapprocher des événements plus conventionnels, forts d’une portée accrue envers un public certes plus nombreux, mais toujours averti. En témoignent d’ailleurs leurs récents passages du côté de Coachella. Sur disque, ça se témoigne par des un peu plus de douceur et d’incursions "pop", notamment sur les singles cités plus haut. Les deux Gallois sont désormais davantage attirés par les grands espaces que par la violence du club et la dimension atmosphérique du disque (sur des morceaux comme Skulled, Sugarushhh ou Vermonly, qui tire carrément vers l’ambient) vient ratifier ce virage. Le tout, en gardant une recette qui marche : des rythmes pulsants, souvent cassés, ainsi que des basses profondes qui apportent une dynamique entraînante, avec quelques voix samplées (notamment celles du Dead Leaves de Slowthai sur la track de fin, Calling Out) toujours laissées en arrière-plan, comme une marque de fabrique.
Overmono a réussi le jeu de l’album, se plaçant à distance adéquate entre réinvention et capitalisation de leurs sorties passées. Nul doute que leur doberman trônera dans beaucoup d’étagères dans les semaines à venir. Et quant à la fratrie, vous pourrez venir l’applaudir à Dour le 15 juillet prochain, avant leur date à l’Ancienne Belgique le 20 octobre prochain.