Pagaille politique sur la Culture

Philippe Walkowiak

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Par Philippe Walkowiak

 

La Fronde culturelle est-elle appelée à durer ? En tout cas, l’effroi laissé par les décisions du Comité de Concertation, la colère dépasse le cadre habituel des acteurs du secteur culturel. Le public ne comprend pas le sens de ces mesures, le monde politique est perplexe au point qu’il ne semble plus y avoir qu’Alexander De Croo, Frank Vandenbroucke ou Jan Jambon pour défendre ces mesures.

Mais au-delà, c’est bien la légitimité du pouvoir qui risque de se retrouver mise en cause.

Désobéissance civile

Les décisions du Comité de Concertation de mercredi, confirmée par le Premier Ministre à la Chambre jeudi, et traduite dans un arrêté royal validé par le gouvernement fédéral vendredi ont suscité un tollé au point que bien peu de responsables ont osé se dresser face à la Fronde qui gronde. Beaucoup – qui pourtant ont été associés aux décisions de près ou de loin — ont même pris la direction du vent de contestation.

Pourtant, comme le fait remarquer non sans justesse le président du MR, Georges-Louis Bouchez : L’honneur du politique est d’être cohérent et de respecter les institutions. Les dernières mesures du Codeco peuvent faire l’objet d’un débat légitime mais soit les règles sont considérées comme non pertinentes et doivent être changées, soit elles doivent être respectées.

Mais cela demeure la théorie du fonctionnement des institutions. Dans la pratique, on a vu des bourgmestres ou des ministres (y compris dans le parti de M. Bouchez), voire des magistrats ou des policiers, lever le pied dans les décisions prises par le pouvoir exécutif. En cela, cette désobéissance institutionnelle met notre système démocratique en danger. Quelle que soit la sympathie à l’égard du monde culturel ou même le bon sens et la pertinence de leur contestation.

Que faire ?

Soit la Fronde perdure, soit elle s’essouffle. La ministre de l’Intérieur tente de rappeler tout le monde à l’ordre via des injonctions du Conseil National de Sécurité aux gouverneurs de province. Ces derniers, sauf leur respect, ne sont pas connus pour leur force de coercition.

Une concertation avec le ministre fédéral de la Santé est prévue. Frank Vandenbroucke n’est pas le plus souple des ministres en matière d’assouplissement des règles sanitaires. Le risque d’enlisement ce conflit est réel, d’autant que des recours judiciaires sont également pendants.

Les marges de manœuvre sont donc très réduites.

Mais plus globalement, une fois de plus, c’est l’ensemble de la classe politique qui en sortira abîmée. Les tergiversations, la pusillanimité ou le manque de discernement érodent encore plus une confiance déjà fragile du citoyen dans ses institutions et ses représentants.

@PhWalkowiak

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