Pandémies futures : une fermeture des frontières européennes est-elle envisageable ?

Des policiers hongrois contrôlent des voitures au poste frontière de Nickelsdorf-Hegyeshalom, à la frontière austro-hongroise, le 18 mars 2020

© BELGA/AFP

Lors de l’apparition du COVID-19 au printemps 2020, les pays n’avaient pas le recul nécessaire pour stopper la pandémie. Les Etats membres de l’Union européenne (UE) prennent alors des mesures de confinement plus ou moins strictes selon les pays. Certains décident même de fermer leurs frontières. Mais cette fermeture est-elle utile ? Si d’autres pandémies apparaissent dans le futur, l’Union européenne privilégiera-t-elle une autre stratégie ?

Pour l’analyste en Perspective Stratégique du Service de Recherche du Parlement européen (EPRS), Eamonn Noonan, la restriction de la circulation est un élément valable et important pour limiter la propagation des maladies infectieuses mortelles.

"Ce que nous avons appris au cours des 18 derniers mois, c'est que nous devons disposer de critères pour évaluer la gravité de la pandémie", résume Eamonn Noonan. "Ensuite, en ce qui concerne les frontières, nous devons savoir quand il est approprié de les franchir et d'introduire des restrictions, et quand il est sûr de réduire ces restrictions."


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Selon la revue scientifique Nature, différentes études montrent que la fermeture stricte des frontières aurait pu contribuer à limiter la transmission du virus dans les premiers jours de la pandémie. Mais une fois que le virus a commencé à se propager dans d'autres pays, les fermetures de frontières n'ont apporté que peu d'avantages.

Lorsque l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le coronavirus hautement infectieux SRAS-CoV-2 constituait une urgence de santé publique, elle a d’ailleurs conseillé aux pays de garder les frontières ouvertes. Mais la plupart ont ignoré ce conseil, et de nombreux pays ont même fermé leurs frontières à toutes les nations.

"Faire en sorte que les autres pays du monde aient accès à la vaccination"

À court terme, sur smartphone ou sur papier, le certificat européen Covid-19 facilite les voyages. Mais la législation le concernant expirera dans le courant de l'année prochaine et l’évolution de la pandémie guidera la décision quant à son renouvellement éventuel.

À moyen terme, l'augmentation des niveaux de vaccination et la diminution des niveaux d'infection faciliteront les déplacements, et l'accent sera moins mis sur les restrictions et les contrôles.

Pour Eamonn Noonan, "nous devons regarder au-delà de l'UE et faire en sorte que les autres pays du monde aient accès à la vaccination".

Une autre dimension importante est l’aide apportée par les pays à hauts revenus aux pays à faibles et moyens revenus à avoir un accès suffisant aux vaccins pour leur population.

"C'est une question d'aide humanitaire, mais c'est aussi une question d'aide personnelle", explique le chercheur. "La poursuite de la propagation incontrôlée du COVID entraînera l'apparition de nouveaux variants, qui pourraient à leur tour poser problème aux vaccins dont nous disposons déjà. Il est donc dans notre intérêt et dans celui de la communauté internationale de soutenir la distribution de vaccins à tous les pays du monde afin que la population mondiale tout entière puisse être protégée contre le COVID."

Réponse de l’Union européenne

Au niveau européen, pour être prêt à faire face à une nouvelle épidémie, une grande partie du travail portera sur la préparation et la réponse aux situations d'urgence.

L’analyste rappelle que la gestion des frontières reste une compétence nationale. L'UE, quant à elle, fait des recommandations sur les mesures à prendre pour restreindre une partie des mouvements.

Mais Eamonn Noonan insiste sur la mise en place d'un cadre européen pour aider les différents États membres à gérer les frontières selon des critères clairs.


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"Les pays ont désormais la possibilité de comparer leurs notes et de trouver les données les plus récentes sur la situation réelle sur le terrain en matière d'infections", constate le chercheur. "Et ils peuvent se mettre d'accord sur des critères communs et des règles transparentes. Ainsi, grâce à la coordination au niveau européen, il est plus facile pour les États membres de prendre leurs propres décisions en connaissance de cause et de manière coordonnée, ce qui facilite le commerce et les voyages tout en protégeant la santé publique", ajoute-t-il.

La Commission européenne a également instauré en septembre 2021 une Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire. Dotée de 6 milliards d'euros jusqu'en 2027, l'HERA (son acronyme anglais) doit permettre à l'UE de disposer de meilleurs mécanismes pour suivre les premiers foyers d'infection et de meilleures ressources pour contenir les nouvelles infections lorsqu'elles surviennent.

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JT 16/03/2020

Coronavirus : de plus en plus de frontières fermées

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