Paola, côté jardin : "La reine ne cache rien, je trouve cela assez moderne" confie le réalisateur

Paola, côté jardin, est sans conteste l’un des documentaires les plus attendus du paysage audiovisuel belge. Pendant plus de deux ans, Nicolas Delvaulx, le réalisateur, a travaillé sur ce reportage inédit, en collaboration avec la RTBF.

Si ce reportage attire le regard, c’est évidemment pour son caractère exceptionnel : jamais dans l’histoire de Belgique, une reine n’avait autorisé des caméras à filmer son intimité pendant autant de temps. Comment le réalisateur a-t-il fait pour convaincre Paola, alors que la monarchie belge s’est souvent caractérisée par une grande discrétion ? "J’ai lu beaucoup de choses assez désagréables sur la reine Paola. J’ai pensé que ce documentaire n’avait de sens que si on peut lui demander son avis, avoir sa version des choses" avance le réalisateur qui n’a finalement patienté que quelques semaines avant d’être autorisé à filmer et questionner la principale intéressée sur sa vie privée. "J’ai consulté son entourage et dis que je voudrais faire un film de cette manière […] et puis je suis reçu un jour au Belvédère et cela se passe assez bien".

Le réalisateur n’avait que deux conditions pour élaborer le portrait de la reine : n’avoir aucune censure sur les questions et réaliser le film en concertation avec la reine Paola. "J’ai voulu qu’on fasse le film un peu ensemble, qu’elle dise ce qu’elle ait envie de dire. On s’est très vite pris au jeu, cela a été un travail un peu en évolution".

Les téléspectateurs seront sûrement touchés lors du visionnage de ce film inédit. On découvre finalement une famille simple et surtout pleine d’humanité.

Nicolas Delvaulx se remémore par exemple la première interview qu’il a réalisée avec la reine : "Au départ j’interrogeais la reine, mais je vois que le roi était à côté. Il était en support, lui tenait la main et à un moment, il a voulu intervenir et là, c’est un moment magique parce qu’il y a eu un dialogue entre eux".

Bien au-delà de Paola reine, on découvre Paola épouse et mère. "Le film est intéressant parce qu’il y a un dialogue, c’est leur vie de couple aussi. Je crois qu’ils ont fait un travail important sur leur vie et qu’ils avaient envie d’en parler" indique le réalisateur.

Tout semble presque naturel dans ce documentaire. On assiste à des réunions de famille où sont aussi présents le roi Philippe et la reine Mathilde, des moments lors desquels le réalisateur laisse tourner la caméra et n’intervient même pas. "J’essaie de découvrir leur humanité. Je suis là, j’existe, j’essaie de découvrir qui ils sont réellement. Il y a donc un respect mutuel au départ. C’est un moment un peu privilégié et j’essaie de bien le traduire dans mon travail" savoure-t-il, soulignant qu’il a "rarement eu autant" de sincérité de la part d’une famille dans un documentaire.

On le sait, la reine Paola a traversé des moments de joie, mais aussi de solitude et de tristesse.

Paola, côté jardin, est jalonné de plusieurs moments forts en émotion, notamment lorsqu’elle dévoile le bilan sur sa vie écrit dans une lettre dans laquelle elle parle avec franchise des moments les plus difficiles. "Elle veut délivrer un message qui est un peu une conclusion sur sa vie, ses valeurs, ce qui est important. C’est donc plus un message philosophique pour tout le monde" explique à ce propos Nicolas Delvaulx.

La reine adore qu’on s’adresse à elle en tant que femme et pas à travers sa fonction, en tout cas c’est ce qu’elle m’a dit à plusieurs reprises. C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce film.

Le réalisateur a ainsi été touché par le destin de cette dame, "une des plus belles princesses d’Europe", emmenée très jeune par amour dans une histoire qu’elle ne maîtrisait pas totalement.

C’est aussi dans cette optique que hors caméra, Paola a esquivé la question sur Delphine - précisant simplement que cette histoire n’était pas la sienne, mais que peu importe sa décision elle soutiendrait son mari – elle n’a pas éludé les conséquences de ces années compliquées avec le roi Albert II. "Elle assume ce qu’il s’est passé, elle ne cache rien. Je trouve cela assez moderne" estime le réalisateur, informant au passage que la reine n’a demandé aucun changement après le visionnage du résultat final.