Engels débarque donc en Bundesliga sur la pointe des pieds. Mais à l’image de ces médians au profil atypique, il est déjà étonnamment mature. Sur et en dehors des terrains.
Engels ne précipite rien. Laisse le temps faire les choses. Sauf que le temps a visiblement décidé de le prendre au dépourvu. Alors qu’il figurait derrière les Niklas Dorsch, Arne Maier, Juilian Baumgartlinger ou Irvin Cardona dans la hiérarchie à son arrivée, les aléas du football (blessures et besoins du coach) le propulsent titulaire dès son premier match. Deux semaines, à peine, après son arrivée.
Prestigieux baptême du feu contre l’armada de Dortmund. Mais Engels ne se débine pas et délivre un assist, dans la courte et spectaculaire défaite de son équipe (3-4).
Le voilà (déjà) lancé. Malgré les retours progressifs de ses concurrents, le Belge détonne par son volume de jeu et son calme et tape dans l’oeil de son coach Enrico Maassen, qui n’hésite pas à lui tresser des couronnes dans une interview à Kicker : "Il est très calme, très patient, il sait s’adapter au match. Il a un physique très solide, une bonne finition des deux pieds et un très bon jeu de passes."
N’en jetez plus, la coupe est pleine. C’est d’ailleurs justement grâce à cette vista et ce jeu de passes au-dessus de la moyenne que Arne Engels continue de se faire un nom en Bundesliga. Depuis janvier, il n’a raté que 83 minutes en 11 matches. Il a donc disputé 92% du temps de jeu de son équipe. Pas mal pour un jeune de 19 ans.
Ses faits d’armes ? Un assist contre Leverkusen début février puis un rôle, diablement décisif, dans le partage contre Wolfsburg (2-2) du weekend dernier. À l’assist sur les deux buts de son équipe, il a fait grimper son compteur personnel à 4 offrandes en 11 matches.
Acheté 100.000 euros, Engels a désormais une valeur marchande de 3,5 millions d’euros, soit 35x plus qu'il y a... six mois. Six mois de folie qui l'ont mené de la tribune brugeoise à une place de titulaire en Bundesliga.
Et bientôt en équipe nationale ? L'avenir nous le dira. Une chose est sûre, au vu de ses prestations emplies de maturité et de calme, il n'est plus très loin de marcher dans les pas de son idole, Kevin De Bruyne. Restera ensuite à se faire une place dans ce secteur, terriblement concurrentiel, de l'entrejeu belge. Où sa créativité et sa vision de jeu pourraient venir contrebalancer la robustesse et la hargne des Amadou Onana ou Orel Mangala.
"Si je pense aux Diables ?" demandait-il dans une interview il y a quelques semaines. "Disons, que ça ne m'empêche pas de dormir" confiait-il, sourire aux lèvres.
Pas à pas, sans se précipiter...