Politique

Pas de F-16 belges en Ukraine : "Pour le moment, nous en avons besoin", affirme la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder

L'invitée: Ludivine Dedonder, ministre de la Défense

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Par Marie-Laure Mathot sur base de l'interview de Thomas Gadisseux via

Des formations pour les pilotes ukrainiens, oui, mais pas de F-16 belges fournis à l’Ukraine pour se défendre face à l’envahisseur russe. Ludivine Dedonder, ministre fédérale de la Défense, assume son choix sur les antennes de Matin Première.

"On ne peut pas modifier le fait que l’on doit protéger notre propre espace aérien, celui des Pays-Bas et du Luxembourg", explique Ludivine Dedonder. "On ne peut pas non plus modifier le fait que nous devons contribuer à la défense collective et à la protection de l’espace aérien des pays de l’OTAN."

Une question de timing

Pour la ministre de la Défense, "c’est une question de timing." Et de prendre l’exemple de nos voisins néerlandais qui changent plus tôt que nous leur flotte d’avions de chasse. "Nous faisons partie d’une coalition. Les Pays-Bas, par exemple, vont recevoir leurs F-35, les nouveaux avions de chasses, avant la Belgique. Ils vont donc pouvoir envoyer leur F-16 au préalable."

En 2025, la question pourrait éventuellement se poser

Chez nous, "nos premiers F-35 vont arriver en Belgique à partir de 2025. À ce moment-là, la question pourrait éventuellement se poser. Mais pour le moment, nous avons besoin de nos F-16."

F-35, un avion américain compatible avec une Europe de la défense ?

Des F-35 américains, c’était le choix du gouvernement précédent pour remplacer nos avions de chasse vieillissants, les F-16. Aujourd’hui, certains constructeurs se demandent encore pourquoi la Belgique a fait le choix des Américains et n’a pas choisi un constructeur européen. C’est notamment ce qu’a déclaré le PDG de Dassault qui se dit fermé à ce que la Belgique participe au programme français, allemand et espagnol Scaf, le Système de combat aérien du futur.

"C’est la déclaration d’un industriel français qui, finalement, accorde plus d’importance à son intérêt commercial qu’aux véritables enjeux de l’Europe de la défense", rétorque Ludivine Dedonder. "C’est-à-dire une autonomie stratégique, une maîtrise technologique au niveau européen. D’un point de vue opérationnel, nous devons avoir des pays qui investissent dans de mêmes capacités et qui puissent sur le terrain, être déployés ensemble."

Monsieur Trappier ne va certainement pas m’indiquer la manière dont je dois agir

"Monsieur Trappier, tout PDG puissant qu’il est, ne va certainement pas m’indiquer la manière dont je dois agir", se défend Ludivine Dedonder. "J’espère aussi que les gouvernements des autres pays européens qui sont favorables à l’Europe de la Défense ne suivront pas cet avis."

Car même si la ministre de la Défense hérite du choix du gouvernement précédent, elle compte bien investir dans une Europe de la Défense. Et notamment via la vision stratégique STAR. "On a prévu 1,8 milliard pour aider nos entreprises à monter dans des projets de capacité du futur."

Le conflit en Ukraine a ainsi relancé l’industrie de la défense partout en Europe. Risque-t-on de perdre des marchés à cause du choix américain ? "J’ai justement voulu inverser le paradigme", répond la ministre. "J’ai des discussions avec nos homologues ministres européens de la Défense et je n’ai jamais senti de blocage. Evidemment, on a dû justifier ce choix du passé. Mais aujourd’hui, je pense que tout le monde est convaincu que la Belgique est en faveur de l’Europe de la défense."

"Nous avons des fleurons technologiques, ici en Belgique, dans l’industrie de sécurité et de Défense, avec aussi, des applications civiles. Et il est important aujourd’hui de relancer des lignes de production."

Le ministère de la Défense est à côté de ses entreprises pour les aider

"Nous répondons aussi aux besoins des Ukrainiens notamment mais aussi des autres pays qui puisent dans leurs stocks et qui doivent les reconstituer."

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous