Pass sanitaire, présentiel, financement... Annemie Schaus, rectrice de l'ULB fait sa rentrée: "Oui, il y a dix ans l’enseignement supérieur était meilleur"

Annemie Schaus, rectrice de l'ULB.

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Par Thomas Gadisseux avec S.F.

Ce mardi matin l’invitée de "Matin Première" est la rectrice de l’Université Libre de Bruxelles, Annemie Schaus. Bien que la pandémie de coronavirus soit loin d’être finie, l’enseignement supérieur fait sa rentrée, en "présentiel". L’occasion pour Thomas Gadisseux de revenir avec la rectrice de l'ULB sur les mesures mises en place par les universités pour remédier aux manques de l’an dernier, aux lacunes pédagogiques, et répondre aux attentes et angoisses des étudiants ?

 

82% des étudiants ont dit être vaccinés

Une rentrée en "présentiel" qui est un véritable ouf de soulagement pour la rectrice de l’Université libre de Bruxelles.  : "C’est vraiment extrêmement plaisant, le Janson était plein. On retrouve les auditoires pleins comme avant, c’est palpitant, émouvant, enthousiasmant".

Sur l’effet yo-yo qui plane à cause de la situation sanitaire à Bruxelles, Annemie Schaus demeure optimiste et confiante. "Je fais confiance à nos étudiants. On a fait un coup de sonde anonyme. 82% des étudiants ont dit être vaccinés et on a ouvert une antenne de vaccination sur le campus".


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Car vu le taux de vaccination chez les jeunes en Région bruxelloise, l’université a décidé de jouer son rôle au sein de la société. Un rôle qui, contrairement à ses homologues wallonnes, a un coût pour l'institution car les vaccins seront à sa charge, par décision de la Cocom. 

Les étudiants ont dû apprendre à se débrouiller seuls

Concernant les craintes de certains membres du corps professoral académique, Annemie Schaus rassure : "Pour le moment j’ai très peu d’inquiétudes de la part des professeurs. C’est vrai qu’il y en a qui redoutent, mais on est là pour les rassurer car toutes les mesures sont prises, le masque est obligatoire dans les auditoires, le risque est très faible".

Des professeurs qui se retrouveront face à des jeunes impactés par ces mois de pandémie. Des étudiants, notamment ceux de première année, potentiellement moins bien formés lors de leur fin de parcours dans l’enseignement secondaire, à cause du Covid-19. Peut-on pour autant parler de lacunes ? Annemie Schaus reste prudente : "D’abord il faut voir si l’on peut parler de lacunes. Je pense que les étudiants ont dû apprendre à se débrouiller seuls. Je ne suis pas convaincue qu’ils auront tous de grosses lacunes. Par contre pour ceux qui le désirent on a créé 'Ma Première Bac sur mesure', et donc les étudiants peuvent passer un test d’orientation et adapter leur programme en fonction de leurs lacunes".

 

La pédagogie s’est améliorée

Optimiste, la rectrice, considère même que l’impact du coronavirus sur la pédagogie sera positif. "Les profs se sont remis en question, ont réinventé leurs cours. Je pense que la pédagogie s’est améliorée. Prendre le recul de ce qui a été bien fait lors de cette pandémie." Des étudiants meilleurs ? Le taux de réussite pourrait le laisser le croire, même si l’ombre de la tricherie plane, comme le reconnaît d’ailleurs Annemie Schaus, tout en minimisant le phénomène.

Agressions sexuelles et sexisme

Avec la rentrée en "présentiel", les étudiants retrouveront également la vie sociale et le folklore estudiantin. Un folklore sous pass sanitaire. Une mesure demandée par les étudiants eux-mêmes. "C’est une preuve de responsabilité. Je trouve cela une bonne solution, qui incitera je l’espère les autres à se faire vacciner", estime celle qui est aussi avocate spécialisée depuis 30 ans dans les droits et libertés.

Pour Annemie Schaus, le combat est peut-être ailleurs, notamment face au fléau des agressions sexuelles et du sexisme mis en lumière par cette pandémie de manière collatérale. "On a travaillé à un plan de lutte contre le harcèlement sexuel et le sexisme. On ne se rendait pas compte de l’ampleur."

Décret paysage réformé

Qui dit enseignement supérieur, dit réforme du décret paysage, avec l’obligation désormais de réussir les 60 premiers crédits en deux ans. Un changement qui vise à réduire l’allongement des études, et la précarisation des étudiants qui en découle. "Notre objectif est qu’il y ait le moins d’échecs possibles, évidemment. Ce décret a fait l’objet de nombreuses discussions, notamment avec les étudiants. Il faut aller de l’avant. Nous allons mettre en œuvre les moyens afin d’aider à la réussite. Il y aura toujours la possibilité d’une dérogation en cas de réussite de 50 crédits."

Je constate que dans certaines crises on a trouvé l’argent

Une réforme qui s’inscrit dans une prise de conscience plus globale des difficultés rencontrées par les étudiants, notamment la précarité. L’occasion pour Annemie Schaus de souligner le manque d’aide en provenance des pouvoirs politiques : "L’ULB pallie elle-même à ce manque. La précarité dans la population étudiante augmente."

Plus que jamais l’enseignement supérieur a donc besoin d’aides et de soutien. Or, une étude de nos confrères de La Libre Belgique montre qu’en huit ans, les moyens par étudiant ont augmenté de 15% dans l'enseignement obligatoire alors que dans l’enseignement supérieur a lui diminué de 15%. Une situation ingérable pour la rectrice de l’ULB, d’autant que dans l’enseignement universitaire, ils ont diminué de 25%. "Mais il ne faut pas opposer l’obligatoire et le supérieur. Mais je constate que dans certaines crises on a trouvé l’argent. Pour ce qui est un des piliers de la démocratie, j’espère qu’il y aura moyen de trouver des moyens supplémentaires. Les coopérations entre universités sont essentielles. Oui, il y a dix ans l’enseignement supérieur était meilleur".

Débat démocratique et loi pandémie

Concernant la gestion de la pandémie et l’adoption de la loi pandémie, Annemie Schaus, qui a été très active l’an dernier lors des débats sur la question est claire : "Il y a 15 articles dans cette loi, elle met quelques balises mais Il faudra voir comment cette loi sera appliquée, tout en insistant sur le débat démocratique qui doit avoir lieu".

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