Les membres de la commission parlementaire qui se penche sur le passé colonial de la Belgique avaient trouvé un accord le 13 octobre sur des recommandations. C'est à un niveau supérieur qu'il a été dénoué, a affirmé lundi le président, Wouter De Vriendt (Ecolo-Groen), entendez par là: la présidence de certains partis, certains cabinets ministériels ainsi que le Palais royal.
La commission tenait lundi sa dernière séance après deux ans et demi de travaux qui ont été marqués par deux rapports, des centaines d'auditions et une mission dans les anciens pays colonisés, soit la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi. Son mandat expirant à la fin de l'année, elle devait se prononcer sur ses conclusions. Le MR et l'Open Vld ont pris la parole en début de séance pour annoncer qu'ils refusaient de prêter leur concours à une majorité de rechange, à l'instar du CD&V, et ont quitté la salle.
La majorité divisée sur la question des excuses
La majorité était divisée sur la question: les libéraux et les CD&V ne voulaient pas d'excuses et avaient proposé l'expression des "plus profonds regrets" dans le sillage des regrets exprimés au mois de juin par le Roi. Ils mettaient notamment en avant le risque de réparations financières que comportent des excuses, même si la plupart des experts entendus avaient contesté tout lien entre l'un et l'autre. Aux yeux des socialistes et des écologistes, par contre, les excuses constituaient un préalable indispensable à tout travail de réconciliation. Lundi à midi, le PS l'a réaffirmé. Pour lui, il n'était d'ailleurs pas question de soutenir un texte qui n'aurait pas comporté ce mot. Le vote n'a pas eu lieu.
Le CD&V a également fait savoir qu'il quitterait la salle lorsque la recommandation contenant les excuses serait mise au vote. La N-VA et le Vlaams Belang ont annoncé qu'ils feraient de même. Il n'y avait dès lors plus de quorum suffisant. A entendre le président, un accord avait toutefois été conclu le 13 octobre entre les membres de la commission. Après de nombreuses réunions de concertation, il avait à cette date soumis à ses collègues ses propositions soigneusement soupesées et ceux-ci les ont acceptées, selon ses explications. Le mot "excuses" y figurait, mais en contrepartie l'idée d'une fondation qui aurait accordé des réparations, financée par des sociétés privées, chère au PS, était abandonnée.
Quelques jours plus tard, le consensus volait en éclats. "C'est devenu l'affaire des partis politiques, de cabinets ministériels et du Palais royal", a expliqué M. De Vriendt pour qui la preuve était faite qu'il n'était pas possible de toucher "à certains tabous". Interrogé ensuite sur ce point, l'écologiste a confirmé l'immixtion du Palais. "Il y a eu un message du Palais royal dans ce processus. Je n'ai pas reçu ce message mais il portait sur les excuses, les compensations et quelques autres points sensibles", a-t-il dit. M. De Vriendt s'est dit très déçu de ce résultat. A ses yeux, tout le monde n'a pas mesuré la portée historique du travail en cours en Belgique. "Les esprits n'étaient pas mûrs aujourd'hui. Il appartiendra à d'autres de reprendre le fil", a-t-il souligné.