C’est une cérémonie à forte valeur symbolique qui s’est tenue mercredi à Paris : Emmanuel Macron a confirmé la restitution au Bénin de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey, conservées jusqu’ici au musée du Quai Branly.
Ce "retour au bercail" de ces œuvres emblématiques devrait être définitif le 9 novembre lorsqu’elles quitteront Paris en avion-cargo. Quelques heures avant, Emmanuel Macron recevra à l’Elysée son homologue béninois Patrice Talon pour valider "formellement leur transfert de propriété", a-t-il annoncé.
Après avoir vu les 26 œuvres d’art, réunies dans une exposition, Emmanuel Macron a jugé "particulièrement émouvant" de participer à "cette cérémonie d’adieu comme diraient certains, de retrouvailles" plutôt pour "ces œuvres attendues depuis longtemps" au Bénin.
C’est "une page des relations franco-béninoises qui s’ouvre", a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, présent au musée.
Parmi les 26 œuvres, figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales en 1892.
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Sur la base d’un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il avait décidé de rendre 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin.
Leur rapport avait dressé un calendrier de restitutions et un inventaire des dizaines de milliers d’objets que les colons ont ramenés d’Afrique.
Une loi avait été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu’elles avaient fait l’objet de pillages caractérisés, rendant possible ces restitutions.
Deux conservateurs béninois sont en France depuis plus d’une semaine pour organiser le retour des œuvres.
Au Bénin, elles iront d’abord dans un lieu de stockage. Puis elles seront présentées dans d’autres lieux de manière pérenne : à l’ancien fort portugais de Ouidah et la maison du gouverneur, lieux historiques de l’esclavage et de la colonisation européenne, situés sur la côte, en attendant la construction d’un nouveau musée à Abomey.
Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays – Sénégal, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Tchad, Mali, Madagascar – ont soumis des demandes de restitutions.