Au lendemain d'un discours royal à Kinshasa qualifié unanimement d'"historique", la question d'éventuelles réparations a fait débat jeudi en séance plénière de la Chambre.
Le roi Philippe a réaffirmé, mercredi au deuxième jour d'une visite officielle en République démocratique du Congo (RDC), "ses plus profonds regrets" pour les blessures du passé colonial.
Sur les bancs de la Chambre jeudi, il a surtout été question de l'avenir des relations avec l'ancienne colonie.
Des réparations pas forcément financières
Dans la majorité, les écologistes ont plaidé pour des réparations, pas nécessairement financières. "Je ne suis pas coupable. Les Belges d'aujourd'hui ne sont pas coupables du passé colonial de la Belgique", a déclaré Guillaume Defossé. "Mais nous avons hérité de ce passé et de la responsabilité collective d'assumer cet héritage, délicat, difficile, dérangeant, comme nous devons le faire d'une dette. La Belgique devra se prononcer sur des réparations, nécessaires, essentielles, pour lutter contre la négrophobie et les discriminations."
"Les exactions du passé doivent être nommées", a renchéri côté socialiste Vicky Reynaert (Vooruit). "Reconnaître cela est fondamental. Mais on ne peut pas se limiter à ces profonds regrets", a-t-elle exprimé.
Jan Briers (CD&V), s'est pour sa part dit "persuadé que le Congolais apprécie (le discours)... mais attend aussi des réalisations concrètes." Et de citer les coopérations universitaires ou encore culturelles.
Jasper Pillen (Open Vld), du parti du Premier ministre Alexander De Croo, a lui aussi estimé qu'exprimer ses regrets était "essentiel pour nous concentrer sur notre avenir commun". Il a appelé à des relations bilatérales renforcées, tout en rappelant, dans une déclaration applaudie sur les bancs nationalistes flamands, que "les Belges d'aujourd'hui ne sont pas du tout coupables de ce qu'il s'est passé dans le passé".
Un ton différent du coté du Belang et de la NVA
Le ton était en effet différent côté N-VA et Vlaams Belang. "Regardons les problèmes actuels des gens. Ne cédons pas au faux sentiment de culpabilité", a exhorté Tomas Roggeman (N-VA).
Pour le PTB, Marco Van Hees a salué un discours du roi Philippe, "plus proche de celui (du premier Premier ministre congolais Patrice) Lumumba". "Qui a profité (de la colonisation) ? Pas les travailleurs belges, mais les grandes sociétés. Le gouvernement va-t-il enfin reconnaître ce rôle et combattre les multinationales qui continuent à exploiter ?", a-t-il demandé.
Parlant au nom du gouvernement et en l'absence du Premier ministre toujours en RDC, le vice-Premier Georges Gilkinet a indiqué que le gouvernement attendait "avec impatience" le rapport final de la commission "passé colonial", "un acte complémentaire à l'acte posé par le Roi".