Cyclisme

Patience et communication, maîtres-mots de l’analyse d’une photo finish… surtout à l’Amstel

Dessel à propos de la photo-finish sur l'Amstel 2022 : "Une énorme frustration"

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Par Alaric Dantine avec Samuël Gruloisl

Si vous êtes de ceux qui aiment avoir le top 10 d’une course cycliste sur leur écran même pas dix secondes après l’arrivée, évitez peut-être de vous installer dans votre canapé devant l’Amstel Gold Race ce dimanche. Depuis deux saisons, la classique néerlandaise connaît son dénouement sur base de la photo-finish. Une procédure qui peut faire des déçus mais qui demande beaucoup d’analyse également.

Passer d’une première grande victoire à une deuxième place qui disparaîtra bientôt dans l’anonymat. C’est l’histoire de Benoît Cosnefroy du côté de Valkenburg l’an dernier. Annoncé vainqueur sur le fil face à Michal Kwiatkowski, le Français va finalement voir les centimètres (et millimètres) jouer en sa défaveur. "C’était une énorme frustration, se souvient Cyril Dessel, directeur sportif chez AG2R Citroën Team, au micro de Samuel Grulois. Il y a d’abord un gros moment de joie dans la voiture mais également pour lui. Puis, vingt secondes après, il est déclaré deuxième."

À froid, l’ancien coureur professionnel a conscience qu’il est parfois difficile de se prononcer mais la solution semble toute trouvée pour lui. "Un arbitre est là pour prendre des décisions. Quand il annonce un vainqueur officiel comme c’était le cas l’année passée, c’est compliqué de se retirer ensuite. Il vaut mieux ne rien dire et expliquer qu’ils vont délibérer plutôt que d’officialiser pour revenir en arrière ensuite. Cela avait vraiment été difficile pour Benoît mais également l’équipe" se remémore, non sans amertume, Cyril Dessel.

À un tel niveau de performance mais également de médiatisation, comment expliquer qu’il puisse encore y avoir des erreurs ? "Tout simplement parce que c’est encore un travail humain, glisse Nicolas Collignon, opérateur-photo chez ChronoraceLes transpondeurs ne sont pas assez précis que pour établir un classement et puis certains coureurs changent de vélo en cours de route donc il est toujours nécessaire de regarder le numéro de dossard. Les écarts sont tellement faibles. En plus il faut aller vite, le top 10 doit être établi en un claquement de doigts."

Nicolas Collignon, opérateur-photo chez Chronorace : "Pas une course de village, l'info doit être sûre"

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Une certaine pression qui pousse parfois certains à agir dans la précipitation comme lors cette fameuse édition de l’Amstel en 2022. "Ce n’est pas une course du village, lorsque l’on donne une info il faut être sûr et certain en se basant sur la photo finish. C’est compliqué mais il faut parfois avoir les épaules de dire au jury on attend, on analyse la photo-finish et puis on donne le classement, explique Collignon. Il vaut mieux attendre vingt secondes pour que ce soit bon et juste."

Car une fois la décision prise sur base d’une photo nette, impossible de recevoir des plaintes. "Cela arrive parfois que le directeur sportif et son coureur demandent à venir voir la photo pour se persuader du classement" illustrait celui qui officie sur les courses organisées par Flanders et Golazo.

Pour éviter de perdre du temps après la course, les différents intervenants doivent préparer correctement les différents moyens logistiques positionnés de part et d’autre de la ligne d’arrivée. "Cela peut prendre deux heures de préparation. Il faut bien installer et calibrer les caméras. Il vaut mieux faire ça très tôt. Même si cela peut arriver qu’il fasse sombre le matin et très lumineux fin de journée. Nous devons alors rapidement nous adapter."

La ligne d’arrivée était peut-être mal installée en 2021

Un certain sens de l’anticipation qui ne permet néanmoins pas d’éviter tous les problèmes. Lors de l’Amstel Gold Race de 2021, plusieurs clichés avaient semé le trouble quant à la victoire de van Aert devant Pidcock. "Peut-être que la ligne d’arrivée avait été mal installée et puis il y a eu des photos mais les gens se basaient sur des clichés provenant d’un GSM" tient à nuancer le spécialiste. Quant à savoir ce que c’est précisément la ligne d’arrivée d’une course, la réponse est plutôt simple. "La ligne d’arrivée réelle c’est lorsqu’on rentre dans la zone noire. Entre les deux zones blanches" précisait Nicolas Collignon.

Reste maintenant à savoir qui sera le premier à rejoindre cette petite zone noire vers 17h dimanche. Ou les premiers. Jamais deux photos-finish sans trois comme on dit.

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