Le temps d'une histoire

Paul-Henri Spaak : tout savoir sur sa famille

En sa qualité de Secrétaire général de l’OTAN, Paul-Henri Spaak reçoit la « Médaille de la Paix » de mains de John Kennedy en 1961, à la Maion Blanche. GettyImage

© GettyImage/Bettmann Archive – Bettmann

L’année 2022 qui touche à sa fin, marquait les 50 ans de la disparition de Paul-Henri Spaak. Né à Schaerbeek en 1899, c’est le 31 juillet 1972 que cet homme d’État belge quittait le monde des vivants, raison pour laquelle, dans " Le temps d’une histoire ", Patrick Weber vous propose de découvrir "Spaak, un Belge qui a fait l’histoire".

Car, en effet, Spaak, c’est toute une histoire ! Ce fut un homme important, que l’on évoque la sphère nationale mais également internationale. Il est issu d’une famille ou la politique n’était pas un vain mot. Si son père, Paul (1871-1936), était un éminent professeur d’histoire de la littérature à l’Université Nouvelle et un admirateur de la civilisation italienne, c’est sa mère qui brilla, là ou le fils ne tarderait pas à faire de même !

Marie Spaak-Janson et son fils, Paul-Henri, le 1er mai 1957.
Marie Spaak-Janson et son fils, Paul-Henri, le 1er mai 1957. © Belga

Marie Spaak (1873-1960), née Janson, sera la première femme à entrer au Palais de la Nation, devenant sénatrice cooptée par le Parti Ouvrier Belge (POB) en 1921 : si son père est Paul Janson, avocat, conseiller communal et directeur du théâtre de la Monnaie, considéré comme le fondateur du libéralisme belge, c’est surtout son frère qui a laissé des traces dans l’histoire de Belgique… et à l’ULB, Paul-Emile Janson !

Marie demeurera la seule femme au Sénat pendant 15 ans. C’est en 1936 qu’y entrent la catholique Maria Baers et la nationaliste flamande Odila Maréchal-Van den Berge. De 1952 à 1956, en sa qualité de doyenne, Marie Spaak-Janson aura l’honneur d’être la première femme à présider la séance d’ouverture du Sénat… Pour la petite histoire, Marie et son fils Paul-Henri entrèrent au POB à la même période, le fils dira toujours qu’il ne s’était jamais mis d’accord avec sa mère pour savoir qui était le premier !

L’assemblée du Sénat de Belgique, en 1949… trouvez Marie Spaak !
L’assemblée du Sénat de Belgique, en 1949… trouvez Marie Spaak ! © Sénat de Belgique

Du côté de la sœur et des frères de Paul-Henri, point de politique. L’aînée, Madeleine, est née en 1895 ; elle épousera Jean Masson, natif d’Ixelles… et décédera en 1952, à l’âge de 56 ans. En revanche, ses frères vont percer et, s’ils ne sont plus aussi connus que leur grand frère, leur biographie est loin d’être inintéressante, versant plutôt du côté " artiste " de leur père.

Charles Spaak.

Charles Spaak est né à Saint-Gilles le 25 mai 1903. Après une éducation en Belgique, le jeune homme part pour la France à la fin des années 1920 où il est engagé en qualité de secrétaire par le Jacques Feyder, réalisateur, scénariste, acteur et producteur d’origine belge, naturalisé français. Pour lui, Spaak scénarisera Les Nouveaux Messieurs – qui sera temporairement censuré ! -, Le Grand Jeu, Pension Mimosa et surtout, La Kermesse héroïque, sorti en 1935.

S’il est l’auteur de quelques pièces, Charles sera surtout scénariste. Gueule d’amour, avec Jean Gabin, c’est lui ! Le Ciel est à vous, avec Madeleine Renaud et Charles Vanel, réalisés par Jean Grémillon, c’est encore Charles… Spaak est l’auteur du chef-d’œuvre de Jean Renoir, sorti en 1937, La Grande illusion, avec Gabin, Pierre Fresnay et Erich von Stroheim. Pour Julien Duviver, ce sera le célébrissime La Belle équipe, sorti en 1936, où brilleront Gabin et Vanel.

La grande illusion (1937) bande annonce

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Pendant la guerre, Charles Spaak adhérera, avec Suzanne, la première épouse de son frère Claude, au réseau de Résistance nommé " l’Orchestre Rouge " par les nazis. Née Lorge, Suzanne sera arrêtée, incarcérée à la prison de Fresnes à Paris où elle sera torturée par Heinz Pannwitz, le fameux " Bourreau de Prague " avant d’être fusillée quelques jours avant la Libération de Paris.

Suzanne Spaak, née Lorge, « Juste parmi les nations » par Yad Vashem depuis 1985.
Suzanne Spaak, née Lorge, « Juste parmi les nations » par Yad Vashem depuis 1985. © Yadvashem.org

Après-guerre, Charles se remet à l’écriture et travaille avec Jean Cayatte, une collaboration d’où sortira Justice est faite en 1950, avec le célèbre Noël Roquevert, un certain Marcel Mouloudji ou encore Anouk Ferjac et Claude Nicot. La même année, ce sera Nous sommes tous des assassins, avec Mouloudji dans le rôle principal. Il y aura ensuite Avant le déluge, avec Bernard Blier et Marina Vlady et Le Dossier noir.

Affiche du films « Le Mystère Barton ».

L’unique film qu’il réalisera, c’est Le Mystère Barton, sorti en 1949, qu’il coscénarise avec Walter C. Hackett. Françoise Rosay et Fernand Ledoux sont à l’affiche de ce drame policier. En 1952, il sera encore l’auteur du scénario du film d’Henri Storck, Le Banquet des fraudeurs. Père des actrices Catherine et Agnès Spaak, Charles décède à Nice en 1975, âgé de 71 ans.

 

Plus discret et moins connu encore que son frère Charles, Claude Spaak naît à Saint-Gilles, le 22 octobre 1904. Il collectionnera des œuvres de René Magritte et de Paul Delvaux, avec lequel il était ami. Delvaux réalisera même quelques projets de décor pour les pièces Le Plaisir d’imaginer (1949) ou encore l’ouvrage Le Pays des miroirs (1962), car Claude est l’auteur d’une bonne trentaine de pièces de théâtre.

Claude Spaak, entouré de Paul Delvaux et de Marcel Herrand, à la Comédie des Champs Elysées, à Paris vers 1937, pour la pièce « L’Auberge des apparences », de Spaak.
Claude Spaak, entouré de Paul Delvaux et de Marcel Herrand, à la Comédie des Champs Elysées, à Paris vers 1937, pour la pièce « L’Auberge des apparences », de Spaak. © GettyImage/Roger Viollet

À côté de l’écriture dramaturgique, le petit frère de Paul-Henri a aussi écrit quelques ouvrages, parmi lesquels une monographie de Paul Delvaux, parue en 1948, mais aussi quelques romans, tels L’Ordre et le désordre, La Justice à coups de poing et Le mot qui n’est pas écrit t’appartient. Le dramaturge a aussi versé dans les contes et nouvelles, avec Le Pays des miroirs ou encore Le Feuillage des mots. Claude Spaak s’est éteint à l’âge de 85 ans, le 18 février 1990, non loin de Paris.

"Delvaux", éd. De Sikkel, 1948
"L’Ordre et le désordre", Flammarion, 1971.
"La Justice à coups de poing".
"Le Pays des miroirs", contes et nouvelles, éd. Julliard, 1962.
"Le Feuillage des mots", éd. Galilée, 1980.

À voir " Spaak, un Belge qui a fait l’histoire ", dans " Le temps d’une histoire ", ce vendredi 9 décembre à 22h40, sur La Une.

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