L'atelier des muses

Pauline Viardot, compositrice française, pianiste et une diva du romantisme au destin exceptionnel

© Christophel Fine Art / Universal Images Group via Getty Images

Par Hélène Michel via

L’année dernière nous fêtions discrètement le bicentenaire de la naissance d’une compositrice française, une diva du romantisme au destin exceptionnel, Pauline Garcia. Plus connue sous son nom d’épouse, Pauline Viardot fut la muse de Chopin, Saint-Saëns, Berlioz, Brahms ou Franz Liszt.

Pauline Garcia, une "archi-musicienne"

C’était la fille d’une cantatrice d’opéra et d’un ténor espagnol, l’un des créateurs du Barbier de Séville de Rossini, et elle était aussi la sœur de celle qui allait devenir célèbre sous le nom de Maria Malibran. Autant dire que le génie était familial. 

Et sa formation musicale commence bien puisque c’est Franz Liszt en personne qui lui dispense ses premières leçons de piano, "C’est une archi-musicienne !" dira-t-il de sa jeune élève qui parfois composait en jouant. C’est son père qui lui apprend le chant, qu’elle maîtrise assez vite de façon extraordinaire Elle poursuivra son activité de pianiste, jouant notamment à plusieurs reprises à quatre mains avec Clara Schumann. Après la mort brutale de sa sœur Maria, décédée soudainement lors d’une chute de cheval, Pauline – qui se destinait à une carrière de pianiste – s’oriente définitivement vers le chant : elle fait ses débuts en 1837, effectue une tournée en Allemagne, puis à Londres et à Paris. C’est de cette époque que datent ses premières mélodies.

Du piano au chant

La jeune Pauline travaille aussi parallèlement le contrepoint et la composition au Conservatoire de Paris avec Anton Reicha. Sur les conseils de George Sand – qui l’adorait, et dont elle restera très proche toute sa vie - elle épouse un directeur de théâtre : Louis Viardot, qui va se consacrer à la carrière de son épouse et devenir son imprésario. En quelques années, elle s’impose partout avec sa voix de mezzo, dans les opéras de Meyerbeer, Berlioz, Gluck, Gounod, Camille Saint-Saëns, qui lui dédie son Samson et Dalila. Frédéric Chopin, quant à lui, admire sa maîtrise du piano.

Elle chante aussi Mozart et pour l’anecdote, se sépare d’une petite partie de sa fortune, en vendant tous ses bijoux pour acheter le manuscrit autographe du Don Giovanni de Mozart, dont elle chante le rôle de Zerline à Saint-Pétersbourg. Cette relique restera en sa possession pendant 50 ans avant d’être léguée au Conservatoire de Paris.

Du chant à la composition et à l’enseignement

Pauline Viardot chante énormément et à force de tirer sur ses cordes vocales, elle va les briser. Elle pour qui la musique est toute sa vie, va alors renoncer à la scène, à l’âge de 42 ans, pour se dédier entièrement à la composition. Elle écrit des opérettes, des œuvres instrumentales, souvent pour violon et piano, des œuvres chorales, des mélodies, et met en musique des textes de Théophile Gautier, Alfred de Musset, Pierre de Ronsard, ou encore Pouchkine, Goethe et Dante. Pauline Viardot était polyglotte, et c’est sans doute la seule compositrice qui a créé des mélodies sur des textes français, italiens, espagnols, allemands, anglais et russes, six langues qu’elle parlait couramment, car Pauline Viardot est européenne avant tout.

Pauline Viardot, musicienne hors-norme qui a mené d’abord une flamboyante carrière de cantatrice, en France et dans toute l’Europe, avant de se consacrer à l’enseignement et à la composition. Une femme qui fut épaulée par son époux, dans sa voie artistique et qui n’a pas eu besoin de se préoccuper des obligations domestiques. Son influence fut grande sur le monde artistique et littéraire de son temps, pendant plus d’un demi-siècle. Sa vie fut longue et bien remplie, elle est décédée presque nonagénaire à l’ère du gramophone, emportant avec elle cette voix que Camille Saint-Saëns avait un jour comparée au goût d’une orange.

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