Brabant wallon

Pénurie de personnel infirmier : la clinique Saint Pierre d’Ottignies dit arriver à saturation et craint pour les prochaines semaines

L’hôpital a dû fermer deux unités et travaille à flux tendu

© H. Van Peel

Par Stéphanie Vandreck

Pour fonctionner de manière optimale, la clinique Saint Pierre d’Ottignies aurait besoin de 32 équivalents temps plein supplémentaires, soit une cinquantaine de soignants. La pénurie que connaît cet hôpital – et il est loin d’être le seul – remonte avant la crise Covid, mais n’a fait qu’empirer. "Il y a des infirmières qui changent de secteur, soit elles quittent carrément le métier, soit elles partent vers des maisons de repos ou des hôpitaux de revalidation, où elles sont moins dans la vitesse d’exécution que dans un hôpital général, constate Philippe Pierre, directeur médical et coordinateur général de la clinique. On a engagé toutes les personnes qu’on pouvait engager à la sortie des écoles en juin et en septembre, mais ça ne suffit pas à améliorer la situation sur le terrain". S’ajoute à cela aujourd’hui la crise énergétique, qui pousse certains à aller travailler dans un établissement plus proche de chez eux ou plus accessible en transport en commun, pour économiser les frais de carburant.

Il arrive que nous demandions au 112 d’arrêter le flux des ambulances vers la clinique

Les infirmières qui restent sur place travaillent donc sous pression, et risquent de craquer et de prendre la même décision à tout bout de champ. "C’est un cercle vicieux", reconnaît Philippe Pierre. Le directeur confie aussi son impuissance face à la situation. Pour permettre à l’hôpital de continuer de tourner, deux unités de soins sont actuellement fermées. Pendant les vacances d’été, on en dénombrait trois, mais à cette période, on programme moins d’interventions non urgentes dans les hôpitaux et les patients sont globalement moins nombreux. Aujourd’hui, l’établissement fonctionne à flux tendu. "Cela nous pose des problèmes pour assurer à la fois la prise en charge des patients programmés et de ceux qui arrivent en urgence. On est complètement saturés. A un tel point que, de temps à autre, il arrive que nous demandions aux régulateurs du 112 d’arrêter le flux des ambulances vers la clinique", témoigne-t-il. La situation risque d’empirer avec l’hiver et ses maladies saisonnières. "Ça va devenir très vite très compliqué et on va probablement devoir diminuer les hospitalisations programmées", annonce-t-il. Des reports d’interventions qui rappellent celles de la crise Covid et qui ne sont pas sans conséquence en terme santé publique.

Le ministre de la Santé bientôt réinterpellé

La situation de la Clinique Saint-Pierre est loin d’être un cas unique. Cela préoccupe les syndicats, qui vont encore interpeller prochainement le ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke, à ce propos. "Il faudrait avoir une attention particulière pour l’encadrement des jeunes en stage, mais aussi améliorer leurs conditions de stage. Une étude de la CNE, menée avant le covid, démontrait que 87% des étudiants pensaient ou avaient pensé abandonner leurs études. C’est donc ceux-là qu’il faut aller rechercher", propose Evelyne Magerat, permanente CNE pour Bruxelles et le Brabant wallon. Mais, dans l’immédiat une telle mesure ne suffit pas. "Il faut surtout dégager rapidement des budgets et mettre en place des accords sociaux pour améliorer les conditions de travail, chez les infirmiers, mais aussi les aides-soignants, les techniciens en hôpitaux qui partent aussi en raison de leurs conditions de travail", insiste la représentante syndicale. Il faut donc surtout des incitants pour que le personnel encore en place ne quitte pas le navire.

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