Brabant wallon

Pénurie d’infirmières et d'infirmiers dans les hôpitaux, une conséquence inquiétante de la crise sanitaire

Par Hugues Van Peel

Il ne fait plus la une de l’actualité, mais le Covid n’a pas totalement disparu de nos vies. Chaque jour, il y a des contaminations, des hospitalisations et même des morts. Mais la situation n’a rien à voir avec ce qu’on a connu lors des premières vagues.

Dans les hôpitaux, l’activité a repris mais la crise sanitaire a laissé des traces. De nombreux établissements doivent composer avec une pénurie très inquiétante de personnel infirmier. Epuisés, découragés ou dégoûtés par ce qu’ils ont vécu, beaucoup ont abandonné le métier ou se sont réorientés.

"Certaines infirmières ont aussi diminué leur temps de travail, c’est très fréquent, constate Sandrine Pirson, infirmière en chef aux soins intensifs à la clinique Saint-Pierre d’Ottignies. Les gens se disent maintenant qu’ils vont privilégier leur vie privée, trouver un autre équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Résultat des courses, on se retrouve avec des équipes appauvries. Et puis là, il y a les vacances qu’il faudra leur octroyer, car elles les ont méritées. Mais ce n’est pas facile de donner congé à tout le monde pendant les vacances scolaires."

A cela s’ajoute le blues des étudiants. Beaucoup ont été fort marqués par ce qu’ils ont vu à l’hôpital pendant les premières vagues.

"Ils ont été très fragilisés, poursuit Sandrine Pirson. Certains ont eu des doutes en venant ici, ils se sont demandé s’ils étaient vraiment faits pour ça, s’ils allaient pouvoir faire face à toutes ces difficultés. Il y a des étudiants qu’on a vraiment dû encourager, en leur disant qu’il ne fallait pas lâcher, que ce n’était pas la vraie vie. Mais il y en a qu’on a perdus."

Des services fermés par manque d'effectifs

Aujourd’hui, il manque quarante équivalents temps plein à la clinique d’Ottignies, sur un effectif global d’environ 800 personnes dans le département infirmier.

"Il en manque environ deux par service, en dehors des unités spécialisées, explique Myriam Seront, la directrice du département infirmier. Toutes les unités ne sont pas en difficulté, certaines ont encore un quota correct. Mais je pense que j’ai une unité où il me reste seulement six infirmières. En sachant qu’il faut six équivalents temps plein pour avoir une infirmière 24 heures sur 24."

Et la conséquence directe de cette pénurie, c’est qu’il a fallu fermer deux unités de soin, soit environ soixante lits.

"Cela perturbe l’organisation des urgences car on ne peut pas admettre certains patients en hospitalisation aussi vite qu’on le souhaiterait, par manque de lits disponibles. Le personnel est vraiment fatigué. On lui demande beaucoup car on est en sous-effectif. On compense ça par des aides-soignantes et de la logistique, mais le travail d’une infirmière, personne d’autre ne peut le faire."

Difficile de recruter

Pour remédier à cette situation, l’hôpital cherche à recruter de tous côtés. Mais la tâche est ardue. Sachant qu’ils sont très demandés, les étudiants prennent souvent leur temps avant de s’engager. Et comparées à d’autres secteurs, les conditions de travail à l’hôpital peuvent être un frein.

"L’été dernier, on a aussi passé une convention avec une société pour aller recruter des infirmières à l’étranger, ce qui coûte très cher. Mais je n’ai toujours rien vu, parce que tous les hôpitaux se sont tournés vers les mêmes solutions. Par contre, on a une centrale de jobs qui est bien fournie, des étudiants viennent renforcer nos équipes le week-end ce qui rend la charge de travail plus acceptable."

Sur le même thème : JT du 12/12/2021

Pénurie mondiale d infirmières

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