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Pénurie d’infirmiers : les hôpitaux déroulent le tapis rouge aux étudiants

Soins infirmiers : Des étudiants courtisés par les hôpitaux

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Par Martin Caulier

Face à la pénurie d’infirmiers, les hôpitaux rivalisent de d’ingéniosité pour attirer les étudiant(e) s. Tandis que certains travaillent en job étudiant aux urgences, d’autres se voient proposer des contrats longue durée avant même d’avoir fini leurs études. Dans les couloirs des hôpitaux, la course aux recrutements est lancée.

Dans le tumulte des urgences de l’hôpital de Jolimont à la Louvière, un visage juvénile sort du lot. Arno, 25 ans, est au chevet d’une patiente. "Vous connaissez bien Jolimont ? Ah vous êtes une habituée". Cela fait déjà quelques mois qu’il prête main-forte à l’équipe. Il est en stage et passe donc beaucoup de temps dans ce service. D’autant plus qu’Arno a décidé de ne pas s’arrêter là. En plus de ses heures de stage, il travaille aussi en tant qu’étudiant. "L’opportunité qu’on me donne est géniale parce que j’ai la possibilité de me spécialiser et de continuer à avoir un revenu. C’est essentiel car je viens d’emménager et sans revenu ce serait vraiment compliqué".

Fanny, elle aussi, travaille en job étudiant à l’hôpital. Elle combine même avec des heures dans une maison de repos. Pour elle, travailler en même temps qu’elle fait ses études est un vrai plus. "Ça permet de garder un pied dans le milieu hospitalier. Ça permet aussi de développer sa pratique et d’être beaucoup plus autonome alors que lorsqu’on est en stage, on a nos limites".

Et du point de vue des écoles, c’est aussi une bonne solution. "Beaucoup d’étudiants jobbent. S’ils ne travaillent pas à l’hôpital, ils vont aller travailler chez Action ou chez Colruyt", explique Cécile Sottiaux, directrice de département à la Haute école de Louvain en Hainaut (Jolimont). "Je pense que c’est plus intéressant pour eux de jobber dans le domaine de leur profession". En tout cas, l’idée semble plaire car ici à l’hôpital de Jolimont pas moins de 70 étudiants infirmiers travaillent à l’hôpital.

Avant même d’être diplômé, certains étudiants infirmiers se voient proposés des contrats.
Avant même d’être diplômé, certains étudiants infirmiers se voient proposés des contrats. © RTBF

Un contrat avant le diplôme

Et pour séduire les futurs infirmiers et futures infirmières, les hôpitaux vont plus loin encore. A Jolimont, on propose même des contrats aux étudiants alors qu’ils n’ont pas encore fini leurs études. "Les étudiants infirmiers ont l’avantage qu’ils ont c’est qu’ils viennent en stage chez nous donc ils connaissent déjà l’hôpital", explique Jean-Marie Boulanger, directeur du département des soins. "C’est déjà presque un collègue. Et en plus, ça nous permet de les fidéliser et éventuellement de les recruter".

Et pour tenter de les recruter, l’hôpital se coupe en quatre et s’adapte aux horaires et aux impératifs des étudiants. "C’est clairement à la carte. Si une personne veut se spécialiser en un an, on a des contrats de 13 heures semaine. Certains qui étalent leurs spécialisations en deux ans et ont ainsi accès à des contrats en deux ans".

C’est d’ailleurs ce qu’on a proposé à Arno. L’année prochaine, il sera diplômé et il envisage une spécialisation en SIAMU et soins intensifs. Normalement, cela se fait en un an. Mais il compte bien étaler sa formation sur deux ans et ainsi prendre un contrat à mi-temps aux urgences. "Ils nous déroulent le tapis rouge. C’est chouette parce que s’il n’y avait pas toutes ces propositions faites par les hôpitaux, peut-être que je passerais à côté de la spécialisation parce que gagner de l’argent c’est important mais faire ce qu’on aime ça l’est aussi. Ici j’ai la possibilité de ne pas devoir faire un choix entre l’un ou l’autre".

Pour Fanny, ces marques d’intérêts de la part des hôpitaux sont clairement bienvenues. "C’est toujours un peu flatteur lorsqu’on nous déroule le tapis rouge. C’est intéressant qu’ils nous le proposent comme ça, on a toujours un pied dans l’hôpital et oui pourquoi pas y rester en sachant qu’il est près de mon domicile".

L’idée est donc de s’adapter aux horaires des étudiants. En période de remise de travaux ou d’examens, les étudiants peuvent décider de diminuer leurs heures de travail. "Ce qui nous intéresse c’est de ne pas entraver leurs études", précise Jean-Marie Boulanger, directeur du département des soins. "En même temps, ça leur permet d’acquérir une expérience professionnelle. Nous, ça nous permet de les recruter mais pour les recruter, il faut qu’ils soient diplômés".

Face à la pénurie d’infirmiers, les hôpitaux rivalisent d’ingéniosité afin d’attirer les bons éléments. Pour Arno comme pour Fanny, c’est déjà une belle reconnaissance avant même de commencer leur carrière.

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