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Pérou : l'ex-président Castillo en état d'arrestation, Dina Boluarte devient la première femme à diriger le pays

Dina Boluarte, assiste à la 29e réunion des dirigeants économiques lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, le 19 novembre 2022.

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Par AFP, édité par Renaud Verstraete

La vice-présidente du Pérou, Dina Boluarte, a été investie mercredi à la tête du pays, peu après la destitution par le Parlement du président Pedro Castillo. "J'assume (le pouvoir) conformément à la Constitution du Pérou, à partir de ce moment et jusqu'au 26 juillet 2026", a-t-elle déclaré devant le Parlement. Dina Boluarte, avocate de 60 ans, est la première femme à diriger le Pérou. 

Plus tôt dans la journée, le Parlement du Pérou, dominé par l'opposition, a voté la destitution du président de gauche Pedro Castillo, ignorant l'annonce de sa dissolution et l'instauration de l'état d'urgence. Pedro Castillo, au pouvoir depuis juillet 2021, fait l'objet de six enquêtes pour corruption présumée, dont sont également accusés sa famille et son entourage politique.

Sa destitution pour "incapacité morale", retransmise en direct à la télévision, a été approuvée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 dans l'opposition. Le débat sur cette motion, initialement prévu à 15h00 (20h00 GMT), a été avancé après les annonces du président Castillo. 

Le parquet péruvien a depuis lors annoncé l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo. "Il est en état d'arrestation", a déclaré à la presse la procureure Marita Barreto, après la publication par l'administration judiciaire d'images montrant l'ancien chef de l'Etat, destitué par le Parlement, assis dans un fauteuil et entouré de procureurs et de policiers. Une source judiciaire a précisé à l'AFP qu'une enquête pour "rébellion" a été ouverte contre M. Castillo.

Une tentative de dissolution avortée

Dans un message à la nation prononcé depuis le palais présidentiel et également retransmis à la télévision, Pedro Castillo avait déclaré "dissoudre temporairement le Congrès de la République et établir un gouvernement d'urgence exceptionnel", visant à "rétablir l'Etat de droit et la démocratie". 

Il avait également assuré qu'il voulait "convoquer dans les plus brefs délais un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants pour rédiger une nouvelle Constitution dans un délai ne dépassant pas neuf mois". Jusqu'à la mise en place d'un nouveau Parlement, "le gouvernement agira par décrets-lois", avait-il poursuivi, annonçant également un "couvre-feu national à partir d'aujourd'hui" entre 22h00 et 04h00.

"Le système judiciaire, le pouvoir judiciaire, le ministère public, le conseil national de la justice, la cour constitutionnelle sont déclarés en réorganisation", avait-t-il annoncé également, demandant "à toutes les personnes en possession d'armes illégales" de les "remettre à la police nationale dans un délai de 72 heures".

"Auto-coup d'Etat" 

La vice-présidente Dina Boluarte a dénoncé sur Twitter "un coup d'Etat qui aggrave la crise politique et institutionnelle que la société péruvienne devra surmonter en respectant strictement la loi".

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"C'est un coup d'Etat voué à l'échec, le Pérou veut vivre en démocratie", a également réagi Francisco Morales, président de la Cour constitutionnelle, auprès de la radio RPP. "Personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur", a-t-il ajouté.

Le président Castillo "a violé l'article 117 de la Constitution péruvienne et est dans l'illégalité. C'est un auto-coup d'Etat", a également noté auprès de l'AFP Augusto Alvarez, un analyste politique indépendant.

"Les Etats-Unis exhortent avec force le président Castillo à revenir sur sa tentative de dissoudre le Congrès et à permettre aux institutions démocratiques de fonctionner conformément à la constitution", a écrit sur Twitter l'ambassadrice américaine à Lima, Lisa Kenna.

L'ambassadeur du Pérou auprès de l'Organisation des Etats américains (OEA), Harold Forsyth Mejia, a annoncé sa démission lors d'une réunion du Conseil permanent de l'OEA à Washington. Il a dénoncé "une rupture, pour le moins technique, de l'ordre constitutionnel, ce qui est naturellement un affront très grave au processus constitutionnel au Pérou, à la démocratie au Pérou et à la démocratie dans tous les pays qui font partie de cette organisation". 

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